Mardi 9 février 1875
Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 9 Février 1875.
Mon bon petit père chéri,
il me semble qu’il y a un siècle que tu es parti et cependant il n’y a que 3 jours ! Nous avons reçu hier matin ta gentille lettre qui nous a fait comme toujours le plus grand plaisir. Pauvre petit papa chéri, dire que pendant que tu toussais et que tu entendais tousser dans ton wagon tes grosses paresseuses de filles[1] étaient bien couchées dans leur lit et enfoncées dans leurs couvertures jusqu’au nez. Enfin j’espère que tu es tout à fait reposé maintenant mon bon petit papa.
Allons maintenant que je te raconte toutes nos débauches des jours gras. La journée de Dimanche a été employée à peu près comme d’ordinaire, seulement après le catéchisme, c’est-à-dire vers <8h> nous avons pris une voiture et nous nous sommes rendues chez Marie Des Cloizeaux, mais elle était au catéchisme alors nous sommes allé l’attendre à la porte de la chapelle et nous avons passé toute la fin de la journée ensemble chez elle.
Le soir après le dîner nous avons été chez bonne-maman Desnoyers[2] mais tante[3] a dormi tout le temps, moi j’avais très sommeil, il n’y avait donc que Marie[4] qui faisait la conversation. Bon-papa[5] va mieux et bonne-maman n’est pas privée, elle ne sort pas parce qu’Amélie[6] est encore couchée. Nous ne sommes pas rentrées tard.
Lundi nous avons fait grasse matinée. L’après-midi nous avons pris Paulette[7] et nous sommes allées avec elle au jardin d’Acclimatation. Nous n’avons malheureusement pas pu y rester longtemps car nous avions notre leçon de Mlle Bosvy à 3h ¼. Le soir après le dîner nous avons été chez Mme Lafisse[8], M. Duval[9] et Raymond[10], Mme de Mianet[11] et deux Messieurs du même nom y étaient, ce sont des amis de M. et Mme Lafisse. Mme Buffet[12] est venue avec André Paul et Jean[13], et M. Allain avec ses deux filles[14] ; tu vois que nous étions assez nombreux.
Nous avons d’abord joué au 31 et ensuite nous avons été dans le cabinet de M. Lafisse où André nous a récité d’une manière charmante une pièce de vers fort drôle et fort amusante il le disait très bien, Jean a ensuite récité des vers il l’a bien dit aussi mais le malheureux a été pris d’horribles fous rires au beau milieu et chaque fois qu’il recommençait à dire un certain vers cela le reprenait. Nous sommes parties assez tard, car nous ne sommes rentrées qu’à minuit. Nous nous sommes excessivement amusé.
Ce matin comme tu penses, nous ne nous sommes pas levées de bonne heure, ensuite nous avons travaillé et Mme Festugière[15] est venue déjeuner avec ses deux petits garçons qui sont ravissants, ils nous ont extrêmement amusées, ils ne sont partis que vers midi. Ensuite j’ai fait mon piano et à l’instant M. Allain vient de venir avec ses deux filles et Jules[16] ce dernier ne veut jamais parler et tante lui demandait avec insistance s’il n’avait pas faim mais il n’a pas répondu alors je lui ai donné du pain et du chocolat.
Adieu mon papa chéri je t’embrasse bien fort ainsi que bon-papa et bonne-maman[17] Je te demande bien pardon des la saleté de cette lettre mais la visite des Allain m’a mise en retard.
Nous nous portons tous bien on a de bonnes nouvelles d’oncle[18].
Notes
- ↑ Émilie Mertzdorff et sa sœur Marie.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Amélie, domestique chez les Desnoyers.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Constance Prévost, épouse Claude Louis Lafisse.
- ↑ Alphonse Duval, époux de Bathilde Prévost.
- ↑ Raymond Duval, son fils.
- ↑ Très probablement Henriette Palmyre Cholet, épouse de Charles Denis Demiannay.
- ↑ Marie Pauline Louise Target, épouse de Louis Joseph Buffet.
- ↑ André, Paul et Jean Buffet, trois de leurs enfants.
- ↑ Benjamin Allain (veuf de Marie Émilie Target) et ses filles Émilie et Henriette Louise Allain.
- ↑ Cécile Target, veuve de Georges Jean Festugière et mère de Paul et Georges Festugière.
- ↑ Noël Jules Allain, autre enfant de Benjamin Allain.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, en voyage scientifique aux Pays-Bas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 9 février 1875. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_9_f%C3%A9vrier_1875&oldid=60820 (accédée le 21 novembre 2024).
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