Mardi 8 février 1876 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff et Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1876-02-08A pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-02-08A pages 2-3.jpg


[Jardin de la neige. 8 Février 1876]

Mon Père chéri,

Tante[1] t’a écrit hier te disant que notre Mumele[2] était un peu souffrante ; je puis te dire aujourd’hui qu’elle va mieux ; elle a eu encore un peu de fièvre cette nuit mais dans la journée plus du tout elle n’a mal absolument nulle part, ne tousse pas et n’a plus eu mal à la tête depuis hier soir ; ce matin elle a saigné du nez ce qui je crois lui a fait du bien car elle n’est plus rouge elle est extrêmement entrain et rit à tout instant ; elle mange bien de sorte que M. Dewulf[3] pense que ce n’était qu’une petite fièvre de croissance cependant comme nous avons aujourd’hui le plus vilain temps qu’il soit possible d’imaginer car depuis ce matin il n’a pas arrêté une minute de neiger très-fort elle ne se lèvera pas. Tu ne saurais te figurer ce temps les voitures marchent à peine aussi je plains bien les gens qui sont dehors et notamment principalement cette pauvre Mlle Bosvy[4] que j’attends dans quelques minutes.

Tantine aussi est sortie ; elle a été faire des courses pour tante Cécile[5] qui part demain si le temps le lui permet ; M. Edwards[6] l’accompagnera.

Nous avons reçu ce matin une lettre du Logelbach pour toi et nous allons te la renvoyer.

Marthe[7] est ici et apprend son histoire oncle[8] Emilie et Krab[9] font une partie de jeu c’est te dire que Mlle ma petite sœur n’est pas bien malade ; je trouve que cette indisposition ressemble tout à fait à celle qu’elle avait au moment de ton arrivée le mal de gorge en moins bien entendu.

Mon cher Charles, Mlle Bosvy arrive, Marie[10] est donc forcée de vous quitter ; je m’empare de sa plume pour approuver tout ce qu’elle vient de vous écrire, notre petite Emilie aimerait bien à se lever, mais j’aime mieux qu’elle reste dans son lit afin de bien voir si la fièvre veut revenir. Demain elle gardera la maison même si elle est parfaitement : il vaut mieux exagérer la prudence. Je vous écris auprès de son lit aussi elle me charge de bien vous embrasser et de vous dire qu’elle se sent très bien.    

Il neige depuis ce matin, ce qui nous fait craindre que le départ de Cécile[11] ne puisse être pour demain. Nous demanderons demain matin au chemin de fer de Lyon, si la ligne est libre et ce ne sera que dans ce cas bien entendu qu’on se mettrait en route. Petit Jean[12] va mieux, il se lève vers 11h mais il n’a pas bonne mine, on voit qu’il se fatigue facilement ; il aime cependant beaucoup à jouer et fait de bonnes parties quand Emilie et Marthe vont le voir. MmeDumas[13] est bien fatiguée, mais va toujours.

Marie a eu ce matin sa seconde leçon d’écriture[14] car il faut qu’elle se dépêche d’apprendre les écritures demandées. Je pense aller la faire inscrire Jeudi, nous allons prendre rendez-vous avec Marthe Tourasse[15] pour cette grave affaire.

Adieu, mon cher Charles, je vous envoie les amitiés de tous y compris une grande quantité de ma part.

A. M. Edwards


Notes

  1. Tante, tantine : Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. « Mumele », Emilie Mertzdorff.
  3. Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
  4. Marguerite Geneviève Bosvy, professeur d’arithmétique.
  5. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  6. Henri Milne-Edwards.
  7. Marthe Pavet de Courteille.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Krab, le chien.
  10. Marie Mertzdorff.
  11. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  12. Jean Dumas.
  13. Cécile Milne-Edwards-Dumas ou sa belle-mère Hermine Brongniart, épouse de Jean Baptiste Dumas ?
  14. Avec Mme Régnier, maîtresse de calligraphie.
  15. Écrit : « Thouraz ».

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 8 février 1876 (A). Lettre de Marie Mertzdorff et Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_f%C3%A9vrier_1876_(A)&oldid=41045 (accédée le 19 avril 2024).

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