Mardi 28 septembre 1915

De Une correspondance familiale


Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à son fils Louis Froissart (Paris)


original de la lettre 1915-09-28 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-09-28 pages 2-3.jpg


Wimereux 28 Septembre

Mon cher Louis,

Ton père[1] m'envoie par l'auto une lettre de Pierre[2] qui lui annonce sa nomination à l'Officiel du 1er 8bre comme sous Lieutenant de l'active à titre temporaire au 12e Batterie lourde, mais un post-scriptum l'envoie comme instructeur à Fontainebleau. Tu sais tout cela sans doute. Mais si cette lettre a quelque chance d'arriver à Paris quand il y passera, dis-lui que je suis très heureuse de la distinction dont il est l'objet, tout en comprenant son regret de n'être pas envoyé plutôt au front en ce moment où l'on y fait de si intéressante besogne. Nous aurons donc chance de le voir encore à Paris le Dimanche quelque temps, et le patro y trouvera son compte. Je le remercie aussi très particulièrement de sa lettre du 21, en réponse à ma lettre de fête. C'est seulement ce matin qu'elle m'est arrivée de Brunehautpré.

L'auto en est revenue pour nous chercher ce matin et quelle n'a pas été notre surprise en en voyant descendre Hélène[3] et Riquet[4]. Ils allaient à Paris au lieu que Riquet parte seul Jeudi parce qu'il est question de le mettre à Sainte Croix et les 2 grands-mères[5] après une visite à Sainte Croix en sont revenues si peu emballées qu'H. veut juger par elle-même. Il s'agit de questions extérieures de confort et j'espère bien qu'H. passera outre. Nous gardons les filles[6] jusqu'à Lundi. C'est seulement demain que nous irons à Brunehautpré afin d'avoir plus de chance de voir arriver Élise[7]. Nous sommes sans nouvelles d'elle comme elle de nous. Jacques a-t-il pu la voir ? je crains que non puisqu'elle n'est pas revenue. Même les dépêches arrivent avec 3 ou 4 jours de retard ! c'est charmant. On se croirait revenu d'un an en arrière. Mais la besogne qu'on fait sur le front vaut bien la peine qu'on en reçoive le contrecoup dans le voisinage. Ca va bien et il me vient de grands espoirs d'approcher peut-être de la fin.

Je t'embrasse tendrement, ainsi que Pierre quand tu le verras.

EM

Ton père a été hier à l'enterrement de Mme André de la Gorce[8] à Verchocq ! elle a été enlevée très vite par une embolie suite de couches et son mari lui-même est encore bien souffrant.


Notes

  1. Damas Foissart.
  2. Pierre Foissart.
  3. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
  4. Henry de Place, 13 ans.
  5. Marie Stackler veuve de Léon Duméril et Élisabeth Barthélemy de Chadenedes, veuve d’Henry de Place.
  6. Anne Marie et Jeanne de Place, sœurs d’Henry.
  7. Elise Vandame, épouse de Jacques Foissart.
  8. Gabrielle de La Jaille, épouse d’André de La Gorce.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 28 septembre 1915. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à son fils Louis Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_28_septembre_1915&oldid=56859 (accédée le 29 mars 2024).

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