Lundi 27 septembre 1915

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à son fils Louis Froissart (Paris)


original de la lettre 1915-09-27 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-09-27 pages 2-3.jpg


Wimereux, 27 7bre

Mon cher Louis,

Nous avons été bien étonnés de voir arriver ton papa[1] avant-hier soir. Tu n'auras pas été moins surpris en voyant arriver Henri[2] le même soir ! Ton papa est reparti dès hier matin pour Brunehautpré avec l'auto et beaucoup de bagages. Nous partirons tous Mercredi pour le rejoindre ; il nous renverra l'auto pour les enfants et moi et Élise[3] qui, j'espère, sera revenue. Elle est à Hazebrouck depuis Vendredi et y attend une visite de Jacques. Je veux espérer qu'il a pu déjà la lui faire bien que les permissions soient suspendues depuis hier, mais l’État-major de l'armée s'étant chargé de le faire prévenir que sa femme était à Hazebrouck et ayant répondu qu'elle pouvait venir l'y attendre, il y a des chances qu'il obtienne d'y aller en mission, sinon en permission. Une femme qui arrive de Lille n'est pas une femme ordinaire et elle intéresse tout le monde. La correspondance avec Hazebrouck est à peu près impossible de sorte que je ne sais rien d’Élise et cela m'ennuierait de partir sans l'avoir vue revenir ou sans avoir de ses nouvelles.

As-tu reçu les deux dépêches que j'ai envoyées à ton père de Boulogne et celle d'Henri partie d'Hazebrouck ?

Si on te monte un petit paquet recommandé que j'ai adressé à ton père, garde-le ce sont des pellicules à faire développer 142 Boulevard Saint Germain et il faudrait demander en même temps de nouveaux rouleaux de pellicules semblables, si on en a enfin reçu !

Envoie de toute façon Jeanne[4] faire la tournée suivante pour tâcher d'avoir des pellicules Ensignettes[5] pour le petit appareil Kodak à [10 F].
90 rue du Bac où l'on doit m'en garder 6 rouleaux quand on en recevra,
142 Boulevard Saint Germain
5 Avenue de l'Opéra chez Kodak.

J'en voudrais 12 rouleaux et plus si on en trouve car elles ne feront qu'enchérir.

Il y en aura 6 pour Michel[6] qui les attend depuis longtemps et 6 pour M. Martin qui me renvoie 5 rouleaux à développer.

As-tu des nouvelles de Michel ? nous ne savons rien de lui. On dit l'offensive commencée en beaucoup d'endroits. Il arrive ici beaucoup de blessés anglais. Dieu veuille que cette fois le succès compense les inévitables pertes et toutes les souffrances qu'amène une offensive. On a le cœur serré en y pensant !

Tu ne tarderas probablement pas à voir arriver les Colmet Daâge qui doivent passer quelques jours à Paris avant de gagner Écuelles.

Bon courage pour philosopher.

Je t'embrasse tendrement

EM


Notes

  1. Damas Froissart.
  2. Probablement Henri Degroote.
  3. Elise Vandame, épouse de Jacques Froissart.
  4. Jeanne Veillet, employée par les Froissart.
  5. L’Ensignette est un petit appareil photographique de fabrication anglaise. Voir le billet L’Ensignette.
  6. Michel Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 27 septembre 1915. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à son fils Louis Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_27_septembre_1915&oldid=56858 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.