Mardi 28 décembre 1875

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1875-12-28 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-12-28 pages 2-3.jpg


Ma chère Marie

A bientôt le plaisir de s’embrasser. Je compte voyager le jour & quitter Jeudi matin pour être auprès de vous le soir. Cependant ne m’attendez pas trop pour le 30.

Léon[1] n’est pas venu aujourd’hui & je ne sais pas si bon-papa[2] qui est toujours souffrant & couché en est la cause, ou bien si ce sont les mille choses qu’il a à soigner là-bas. car le moment de livrer la place approche & le déménagement est loin d’être achevé.

J’aimerais donc encore avoir de ses nouvelles avant de me mettre en route. J’étais à Morschwiller Vendredi dernier bon-papa n’allait pas mal & j’ai réussi à remonter un peu ces bons parents[3], car il n’est pas habitué à se voir au lit. J’y ai passé toute ma journée. Il souffre surtout la nuit, mais n’a pas de fièvre & en somme aucun danger, seulement le docteur croit craint que ce ne soit assez long. Dimanche Georges[4] y a passé quelques heures & hier Léon était ici & m’a dit que son père sur le conseil du médecin se levait quelques heures dans la journée, mais qu’il ne sentait aucun progrès en mieux. De plus il se tourmente facilement. [en] ce moment de grand mouvement dans l’usine & il s’impatiente facilement de ne pas être avec son monde.
bonne-maman est comme tu penses bien affairée, elle va bien, mais elle s’inquiète facilement & le mouvement qu’elle se donne n’est pas fait pour lui donner bonne mine.

Avant-hier Dimanche j’ai fait visite aux DamesBerger[5]. Elles avaient la famille Stoecklin & GeorgesH.[6] à dîner & j’y suis resté pour manger les restes le soir. Mlle Marie André est allée à [Law] avec les Léonce[7], elle y restera quelques jours. Il est fort possible qu’elle accompagne sa sœur à Paris. C’est vers le 20 que les Léonce comptent aller à la Capitale.
Dans la soirée Marie B.[8] dessinait (copies de broderies) & sa sœur[9] regardait les images du Magasin des Modes, pendant que nous causions.
MmeBerger avait fait venir une bourriche d’huîtres & [marée] de Portrieux par sa bonne Mme Charrière. C’est une idée que nous n’aurions pas n’est ce pas ?

Mon cordon bleu[10] n’est pas content de moi ; elle a fait pâté & acheté un lièvre, prétendant que je devais inviter pour manger toutes ces bonnes choses & comme je n’étais pas de son avis, & que je ne tiens nullement à faire des festins chez moi, elle n’est pas contente.

Le baromètre est au beau, il ne fait pas froid & c’est avec plaisir que l’on se promène, ce qui est rare à pareille époque.

Rien de nouveau d’ici, je suis tout naturellement très occupé & préoccupé avant de quitter.

Jeudi j’étais aux écoles, couture, 70 petites filles, la sœur est contente, il paraît que généralement elles s’appliquent & font bien. Flach[11] n’est pas si content de ses garçons dont il ne sait plus faire façon. Je crois qu’il ne sait pas prendre ses gamins. Dans tout les cas il n’arrive à rien de bon.

La pensée de vous revoir dans 2 jours me réjouit bien, & j’espère bien que rien ne se mettra en travers pour que je puisse quitter le matin.

Embrasse bien Oncle & tante[12] N’oublie pas ma petite chérie[13] & crois-moi ton père qui t’aime
ChsMff

Je viens de recevoir une lettre & grosse note de Châlons. Mes deux garçons[14] ne font pas bien, aussi vais-je les abandonner à la fin des classes.
Mardi Soir.

Depuis 15 jours il y a un grand mouvement de voitures dans la cour, nous manquons de chevaux pour arriver [à nos fins].
A Morschwiller l’on sait que mon intention est d’être avec vous pour le jour de l’an ; mais ce n’est que hier au soir que j’ai fixé le jour, qu’ils ne connaissent pas.

Mercredi Matin. Je reçois à l’instant la lettre d’Emilie qui me marque que M. Desnoyers[15] va mieux & vous tous très bien. J’espérais que Léon viendrait ce matin, je suis ennuyé de quitter demain sans nouvelles de bon-Papa. & cependant il m’est difficile d’y aller aujourd'hui quittant demain.


Notes

  1. Léon Duméril.
  2. Louis Daniel Constant Duméril, à Morschwiller.
  3. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (bonne-maman).
  4. Georges Duméril.
  5. Famille Berger autour de Joséphine André, épouse de Louis Berger.
  6. Georges Heuchel.
  7. Léonce Berger et son épouse Julie André.
  8. Marie Berger.
  9. Hélène Berger.
  10. La cuisinière Annette.
  11. Michel Flach, « maître d’école » de Vieux-Thann.
  12. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
  13. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  14. Xavier Charles Oscar (né en 1861) et Paul Xavier Girol (né en 1862), fils de sa filleule, dont Charles Mertzdorff paie une partie des frais scolaires.
  15. Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 28 décembre 1875. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_28_d%C3%A9cembre_1875&oldid=40925 (accédée le 15 novembre 2024).

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