Mardi 26 avril 1881 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mon cher Papa,
Il me semble qu’il y a bien longtemps que je ne t’ai écrit, seulement comme j’ai la mauvaise habitude d’écrire le soir et d’oublier de faire mettre mes lettres à la poste il n’y a vraiment pas beaucoup de jours que tu as reçu de mes nouvelles. Depuis j’ai eu une bonne lettre de toi dont je te remercie fort. Marcel[1] en a reçu une aussi mais moins intéressante que j’ai l’honneur de te renvoyer ; je voulais qu’il ajoute avec sa signature : « je donne tous pouvoirs pour qu’on fixe un bon dividende » mais il ne m’a pas écoutée. Cela te fait rire mon petit Papa que je prenne un si grand intérêt à cette assemblée[2], je ne me ressemble plus n’est-ce pas ? D’abord j’aime bien tout ce bon Vieux-Thann et je suis contente qu’il marche bien, cet intérêt-là je l’ai toujours eu ; mais maintenant mon budget particulier me touche aussi ; nous venions justement de faire nos grands comptes Marcel et moi la veille du jour où cette lettre officielle nous est arrivée et nous avons cru en la voyant que nous allions pouvoir mettre tout de suite un chiffre dans la colonne des recettes sur la ligne laissée en blanc, mais nous avons été déçus. Les quelques détails que tu me donnes sur le mariage de Marie Berger[3] m’ont bien intéressée ; je lui avais écrit un mot pour ce jour-là mais peut-être dans la bousculade ne l’aura-t-elle pas eu. Je suis très étonnée que l’on ne t’ait pas convié, à plus de choses même que tu n’aurais voulu, et je t’en félicite mon cher Père, connaissant ton horreur pour les grandes réunions.
Ici tout continue à bien aller ; Jeanne[4] se développe et persiste dans sa sagesse et sa bonne santé ; on l’a pesée ce matin : 340 g cette semaine ; cette balance m’enchante en me prouvant que ma petite fille prospère et que par conséquent sa nourrice est bonne, aussi, mon Papa, je t’en remercie encore infiniment. Je viens d’avoir une petite visite d’Émilie[5] qui allait chez Mme Roger[6], elle a une mine superbe et même un léger coup de soleil souvenir de Launay.
Le temps est toujours affreux hier nous avons eu un vrai orage. Je suis sortie Dimanche pour aller à la messe mais jusqu’à présent je n’ai pas dépassé Saint-Sulpice. Adieu mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur et Jeanne t’envoie son plus gentil sourire car enfin maintenant elle rit un peu ma fille.
Je te prie de bien remercier bon-papa[7] de sa lettre. Dis-lui que j’ai demandé à tante[8] l’adresse de Mme Albanel[9] mais je ne l’ai pas encore.
Notes
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Assemblée des actionnaires de l’usine.
- ↑ Marie Berger a épousé Paul Henri Rich.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de chant.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril (voir sa lettre du 25 avril).
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Henriette Paviot de Sourbier, épouse de David Jérôme Natalis Albanel.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 26 avril 1881 (A). Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_26_avril_1881_(A)&oldid=40901 (accédée le 15 novembre 2024).
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