Lundi 25 avril 1881
Lettre de Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (Vieux-Thann) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville)(Paris)
Vieux-Thann 25 Avril 1881
Ma chère petite Marie
Par ta lettre du 22 Courant adressée à ton père[1] qui vient de nous la remettre, car elle n’est arrivée qu’hier soir, nous voyons que tu aimerais connaître l’époque à laquelle nous pensons pouvoir profiter de l’aimable invitation que toi & Marcel[2] avez bien voulu nous faire de descendre chez vous à notre passage à Paris. Je m’empresse de te faire savoir que nous n’avons encore rien fixé définitivement.
Je viens justement d’écrire à ce sujet à ton oncle l’ingénieur[3], car nous avons l’intention d’aller aussi faire un petit séjour à Moulins[4] ; visite promise depuis longtemps. Voici ce que je lui propose, nous partirions d’ici le 16 Mai (ou environ), pour aller directement chez lui ; au bout d’une huitaine de jours, nous irions à Paris, d’où, au bout d’un séjour de 3 semaines environ nous irions à Émalleville où les Georges[5] désirent que nous nous trouvions avec leur père, soit qu’il quitte Moulins en même temps que nous & nous attende chez ses enfants normands, soit qu’il y aille plus tard pour nous y rencontrer. De là nous y irions à Rosult près Valenciennes[6] chez les Vasseur auxquels nous avons aussi promis une visite & nous reviendrions à Paris pour prendre le chemin d’Alsace.
Dans le cas où cet arrangement ne cadrerait pas avec ses propres projets nous changerions notre tournée & reviendrions par Moulins & dans ce cas nous arriverions chez toi au milieu de Mai.
Il s’agit de savoir si cette combinaison te conviendrait aussi & c’est ce que je viens te prier de nous dire franchement, car nous n’avons pas de motif pour commencer dans un sens plutôt que dans l’autre. Quant aux Georges ils ont l’intention de ne pas bouger & je crois que la date de notre arrivée chez eux leur est à peu près indifférente.
Nous sommes certainement impatients de faire connaissance avec la petite Jeanne[7] mais il est certain qu’elle sera plus intéressante quand elle aura quelques semaines de plus & qu’elle commencera à s’intéresser à ce qui l’entoure ; nous aurons ainsi d’elle un souvenir plus positif.
Certes le nouveau Borysthène[8] nous sera plus agréable que l’ancien à condition que nous ne fassions pas beaucoup de dérangement chez vous & que vous nous receviez suivant la simplicité que tu sais que nous aimons.
En attendant que nous allions nous en rendre compte nous vous envoyons à tous deux l’expression de notre reconnaissance pour votre si aimable invitation & nous t’embrassons en vieux grands-parents, c’est-à-dire bien fort.
C. Duméril
Tu serais bien aimable de demander à tante[9] l’adresse de Mme Albanel[10] : nous avons à envoyer des cartes en réponse au billet de part de la mort de Mlle Dumaine[11] mais nous ne connaissons pas une seule des adresses de cette famille : tu pourras la mettre dans ta première lettre à Vieux-Thann.
Quand j’aurai le si vif contentement de vous voir, toi et Marcel, je pourrai satisfaire mon impatience en faisant la connaissance de la chère petite Jeanne dont Émilie[12] a su si gentiment me faire le portrait. Je tiens à te dire, ma chère enfant, qu’il faut que tu saches bien que je serai la première à observer à la lettre les instructions laissées par la bonne sœur qui a su donner à notre petite d’excellentes habitudes que chacun doit s’appliquer à continuer. Ce sommeil prolongé dont tu parles est chose si utile à la nourrice et à l’enfant, puis tes goûts d’intérieur t’aplaniront les difficultés d’une tâche inconnue aux femmes mondaines dont la vie se passe au dehors et dans les fêtes. Moi qui espérais si bien le bon effet du séjour à Launay pour ton excellente tante et son entourage, je me vois déçue dans mon espoir à cause du froid et du vilain temps que nous avons dans ce moment. Au retour de la bonne famille sois, je te prie, notre interprète auprès de chacun. Je remercie mille fois ma petite Émilie de son joli travail tant en dessin qu’au crochet. Au revoir mes chers enfants je vous embrasse comme je vous aime.
Félicité Duméril
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Charles Auguste Duméril, père de Paul et de Georges.
- ↑ Moulins où vivent Paul Duméril et son épouse Marie Mesnard.
- ↑ Georges Duméril et son épouse Maria Lomüller.
- ↑ La gare de Rosult, mise en service en 1870 par la Compagnie du Lille-Valenciennes, devient en 1875 une gare de la Compagnie des chemins de fer du Nord.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Les Duméril logeaient traditionnellement à Paris à l’hôtel du Borysthène, rue de Vaugirard.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Henriette Paviot de Sourbier, épouse de David Jérôme Natalis Albanel.
- ↑ Clémentine Dumaine.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 25 avril 1881. Lettre de Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (Vieux-Thann) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville)(Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_25_avril_1881&oldid=40431 (accédée le 15 novembre 2024).
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