Mardi 25 février 1873
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 25 Février 1873[1]
Mon cher petit papa,
nous avons reçu ta bonne lettre et nous t'en remercions mille et mille fois, nous étions bien anxieuses d'avoir de tes nouvelles n'ayant pas reçu hier la dépêche de toi que nous espérions car quoique nous pensions bien que ce n'était pas mauvais signe et que tu n'en avais pas eu le temps à Mulhouse nous attendions avec une bien vive impatience le courrier de ce matin. Tu es bien gentil de t'être donné la peine de nous écrire de suite en arrivant.
Il est 12h 25 minutes je t'écris bien vite puis nous allons nous habiller afin d'être prête à 1h car oncle[2] veut bien aller nous promener comme tante[3] est obligée de rester pour recevoir des visites je ne sais pas encore du tout où nous irons.
Ce matin nous avons été dans le cabinet d'oncle[4] jusqu'au déjeuner puis après nous sommes remontées et j'ai joué avec Émilie[5] jusqu'à 11h moins 1/4 heure à laquelle je me suis mise à travailler presque tous mes devoirs sont finis il ne me reste plus que deux toutes petites leçons peu importantes à apprendre, aussi je vais en profiter pour prendre toute l'après-midi de récréation puisque c'est Mardi gras.
Le temps n'est pas encore beau j'ai bien peur que nous ayons une giboulée comme hier ; c'est la saison.
Figure-toi, petit père, que le petit chat brun est toujours sur son toit aussi François[6] y serait-il, je crois, monté si tout le monde ne l'en avait empêché. Je crois qu'il va aller chercher les couvreurs pour sauver la vie à son pauvre Minet qui miaule toujours si tristement et qu'on ne voit pas.
Tu es aujourd'hui à Vieux-Thann d'après ce que tu me dis dans ta lettre cela va être pour toi une bien triste journée pauvre petit père chéri de te retrouver là-bas tout seul ! Va ! je pense bien à toi. Bonne-maman[7] a dû être bien heureuse de te revoir je la vois d'ici et aimerais bien à l'embrasser. je te charge de le faire de ma part et le plus fort que tu pourras.
Ce matin il est arrivé pour toi une lettre de tante Zaepffel[8] que j'ai ouverte tellement j'étais convaincue que c'était pour moi mais dès que j'ai eu vu Mon cher Charles je l'ai bien vite refermée et si ma lettre n'est pas trop lourde je vais te l'envoyer. J'ai aussi reçu une lettre très aimable de mon compère Paul Duméril[9] pour me remercier du porte-cigares et pour dire la part qu'il a prise à notre malheur[10].
J'ai eu une semonce de Cécile[11] de ce que je n'aie rien dit de sa part dans la lettre d'hier je répare en le faisant doublement aujourd'hui.
Émilie voulait aussi t'écrire quelques mots mais elle est si bien en train de jouer avec Jean[12] qu'elle me charge <seulement> de t'envoyer tous ses baisers.
Adieu petit papa, il est temps de passer nos robes pour ne pas nous faire attendre je t'embrasse de toutes mes forces et te prie de distribuer mes amitiés à tous ceux que j'aime.
M. M.
Tu trouveras ci-joint liste de quelques petites commissions encore mille amitiés. J'ai écrit avec le joli porte-plume que tu m'as donné il est excellent.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Au Muséum.
- ↑ Émilie Mertzdorff, petite sœur de Marie.
- ↑ François, domestique chez les Desnoyers.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Charles et épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Paul Duméril et Marie Mertzdorff sont parrain et marraine de Louise Soleil.
- ↑ Le décès d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Le petit Jean Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 25 février 1873. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_25_f%C3%A9vrier_1873&oldid=56997 (accédée le 14 novembre 2024).
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