Mardi 24 août 1909
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Cauterets), à son fils Louis Froissart (Coblence en Allemagne)
Cauterets 24 Août
Mon cher petit Louis,
C’est demain ta fête et je crains que cette lettre ne t’arrive pas à temps pour te la souhaiter. Mais si elle te parvient avec un peu de retard, elle t’apportera quand même l’assurance que j’ai pensé à toi à l’occasion de la Saint Louis et les tendresses qu’elle renfermera n’en seront pas moins chaudes pour avoir un jour de retard.
Hier nous sommes allés à Gavarnie voir le fameux cirque que forment à cet endroit les montagnes. C’est beau, bien beau, mais mes yeux de 15 ans en avaient gardé un souvenir si vaste et si grandiose que je l’ai trouvé rapetissé ! peut-être que si, dans 30 ans, tu retournes à Coblentz, tu le trouveras le Rhin moins large, les montagnes moins hautes et la ville moins grande !
Nous avons terminé Dimanche notre pèlerinage à Lourdes tous ensemble, ainsi que te l’a appris ma carte postale, mais Madeleine[1] et moi avions passé à prier toute la nuit de Samedi à Dimanche afin de rendre notre pèlerinage un peu plus sérieux. L’église a été pleine toute la nuit et quoique beaucoup de gens sans domicile, comme nous, y aient copieusement dormi, on y a beaucoup et bien prié et nous en gardons toutes deux un bien bon souvenir. Depuis minuit on n’a pas cessé de dire des messes. A 4h nous sommes sorties pour aller à la grotte, le jour commençait à poindre, c’était superbe mais il faisait trop frais pour pouvoir y rester longtemps. Le Samedi soir nous étions arrivées à temps pour voir la procession aux flambeaux qui est bien belle. Dimanche ton papa[2] et J.[3] sont allés avec l’auto chercher les Compadre[4] qui ont fini la journée avec nous à Lourdes ; malheureusement j’ai dû partir à 4h pour faire mon traitement, au moment où commençait la procession du Saint-Sacrement où il s’est produit justement plusieurs miracles dont ton papa et tes frères[5] et Madeleine ont été témoins. Ils te conteront cela.
L’auto part demain matin avec papa, Jacques, Madeleine, Pierre et probablement aussi Michel car M. Depoutre[6] ne paraît pas pouvoir s’occuper de lui avant la semaine prochaine. J’en profiterai, pour finir ma cure qui aurait été écourtée en partant demain. Tu ne peux cependant plus m’écrire ici car je partirai au plus tard Samedi matin et peut-être Vendredi soir. Tu pourrais, si tu ne m’as pas écrit depuis la lettre arrivée Mercredi pour ton papa, m’envoyer une dépêche pour à Cauterets, Hôtel de France, pour que je ne reste pas trop longtemps sans nouvelles de toi. Et puis je compte bien trouver une lettre en arrivant à Douai Dimanche. Michel me rejoindra en route.
Françoise[7] nous écrit qu’elle que Netti a eu 8 petits. Elle n’en a gardé qu’un. Ce sera une distraction pour Michel.
Je t’embrasse tendrement, cher petit, pour ton papa et pour moi et je t’envoie les amitiés des autres.
Émilie
Notes
- ↑ Madeleine Froissart.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ La famille Compadre complète ? (Abel Compadre, son épouse Marguerite Marie Peltier et leurs enfants : Suzanne, Jean et Yvonne Compadre) ou seulement mère et filles ?
- ↑ Jacques, Michel et Pierre Froissart.
- ↑ Le docteur Léon Depoutre.
- ↑ Françoise Maurise Giroud, épouse (ou veuve) de Jean Marie Cottard, employée par les Froissart à Douai.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 24 août 1909. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Cauterets), à son fils Louis Froissart (Coblence en Allemagne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_24_ao%C3%BBt_1909&oldid=55320 (accédée le 21 novembre 2024).
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