Mardi 23 mars 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-03-23 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-03-23 pages 2-3.jpg


Paris 23 Mars 1880

Mon Père chéri,

J’avais la ferme intention de t’écrire hier mais le temps s’est envolé si vite que malgré toute ma bonne volonté (un peu de flânerie aidant) il m’a été impossible de réaliser mon projet ; nous avons été chez le dentiste[1] qui enfin a complètement terminé son œuvre, j’espère que me voilà aurifiée pour un certain temps, dans tous les cas, mon pauvre Père, je t’assure que j’ai déjà bien des pièces de 20 F perdues dans ma mâchoire ; cette fois-ci surtout, c’est effrayant je crois aisément que ce dentiste-là emploie des matières plus précieuses que tous ses autres confrères.
Nous avons fait ensuite une longue séance chez la couturière et une autre un peu plus courte chez la modiste &&
Aujourd’hui nous prévoyons une journée plus calme ; nous irons seulement à une heure au sermon de Notre-Dame et le reste de l’après-midi s’achèvera paisiblement ici à attendre des visites qui j’espère ne viendront pas.

Tante[2] a reçu hier une dépêche de Mirecourt lui annonçant qu’Hortense[3] avait une petite fille[4] et que toutes deux se portaient très bien ; Mme Lafisse[5] va partir aujourd’hui pour aller voir la jeune maman. Mlle Aubry est arrivée en ce monde juste pour fêter l’anniversaire du mariage de ses parents ; ils se sont mariés le 19 Mars 1879 et leur petite fille est née le 21 Mars 1880. Cela me semble drôle de penser à Hortense devenue mère de famille.
On a toujours de bonnes nouvelles de Cannes[6] ; Mme Dumas nous a envoyé Dimanche de charmantes fleurs.

J’ai reçu avant-hier une lettre de tante Z.[7] en réponse à une autre que je lui avais écrite la semaine dernière ; elle me dit que plusieurs fois déjà elle t’a parlé du cadeau qu’elle veut nous faire et que tu ne lui réponds pas, elle me supplie donc en grâce  de lui dire moi-même lequel des 3 objets proposés je préfère ; comme elle insiste beaucoup je vais le lui écrire aujourd’hui. Je viens également d’écrire à tante Eugénie[8] pour lui dire tout le plaisir qu’elle nous ferait en venant à mon mariage et tante va y joindre un mot pour le lui demander aussi.

Le temps marche vite dans ce moment ; nous voilà inscrits à l’église on nous publiera Dimanche et tante va porter aujourd’hui nos papiers à la mairie ; au moins nous ne serons pas en retard ; Emilie[9] t’a dit que ce bon M. [Tataud] voulait bien nous marier, il était un peu forcé d’être à sa paroisse de Grenelle ce jour-là mais il y nous a renoncé et nous a tout à fait promis qu’il viendrait le 14 à Saint-Étienne.

Adieu mon Papa chéri, chéri, j’espère que tu vas bien et que tu jouis comme nous d’un temps admirable quoiqu’un peu frais ; ne te fatigue pas trop surtout. Je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime.
Ta fille Marie

Ci-joint une lettre arrivée hier pour toi.
J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[10] et je les remercie beaucoup de leurs lettres qui m’ont fait tant de plaisir.
Tante vient d’écrire à tante Zaepffel pour lui dire que la soirée de contrat (pour laquelle on n’engagerait que la famille et les amis intimes) aurait probablement lieu le 10 et que ce jour-là elle lui demanderait de vouloir bien venir dîner.
On vient de compter le nombre de personnes qu’on pourrait inviter à ce fameux dîner et en grandissant la table et se serrant beaucoup on pourra être 22. De cette manière on réunira au moins les membres les plus proches.


Notes

  1. Probablement Simon Goldenstein.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Hortense Duval épouse de Marcel Aubry.
  4. Yvonne Aubry (« Mlle Aubry »).
  5. Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
  6. Cannes où séjournent Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, et son fils Jean Dumas.
  7. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel. Voir sa lettre du 20 mars.
  8. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  9. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  10. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 23 mars 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_23_mars_1880&oldid=40876 (accédée le 14 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.