Samedi 20 mars 1880
Lettre d’Emilie Mertzdorff (épouse d’Edgar Zaepffel) (Nancy) à sa nièce Marie Mertzdorff (Paris)
Nancy le 20 Mars 1880
Ta lettre m’a rendue si heureuse ma bien chère Marie, que je ne saurais laisser partir le courrier sans te répondre de suite. Te voilà donc bientôt Mme de Fréville[1], je vois avec plaisir dès à présent ton bonheur, votre petit ménage sera le pendant de celui de Laure[2], qui est toujours au 7e ciel. Si mes vœux et mes prières peuvent suppléer à ton bonheur, je puis t’assurer que je m’en acquitte de cœur et avec tendresse.
Le jour de notre arrivée à Paris n’est pas encore fixé ; mais je pense que nous partirons d’ici 4 à 5 jours avant la noce, afin de pouvoir faire la connaissance avec de ton fiancé, je puis t’assurer ma chère enfant, que nous ferons le meilleur accueil à notre futur neveu. Seulement il faudrait lors de ses vacances à la Cour des Comptes que vous fassiez un sacrifice pour venir passer au moins un peu de temps chez nous, afin que nous fassions plus ample connaissance avec M. Marcel, tu me dois bien cela ma bonne petite, car vos séjours avec votre père[3] étaient toujours si courts (jamais plus de trois jours) que c’est à peine s’ils comptent. Je me réjouis de vous revoir toutes deux, c’est seulement dommage que ce soit dans un moment si agité, car nous n’aurons guère le temps de nous causer.
Déjà deux fois j’ai écrit à ton père au sujet de notre cadeau, et comme il ne me répond pas à ce sujet c’est à toi cette fois-ci que je m’adresse. Dis-moi franchement ce que tu préfères de ces trois choses : Garniture de cheminée pour ta chambre à coucher, ou une belle pendule antique de salle à manger, ou bien 12 couverts ce qu’il y a de mieux en argenterie avec [ ] et les 4 hors d’œuvres, j’ai demandé si par hasard l’on choisit ce dernier quels sont les chiffres qu’il faudrait y faire mettre. Pour ceci ici on a beaucoup de ressource et nous aurions mieux le temps de choisir qu’à Paris où tous nos moments seront comptés. 8 jours passent si vite dans la capitale et surtout cette fois-ci. Je t’en prie, écris m’en un mot. Ton père m’a écrit que l’on ne fera grande cérémonie probablement à ton mariage, de sorte que je n’emporterai que des robes noires, n’ayant aucune réception du soir, si par hasard tu prévoyais une petite soirée, écris-le moi, parce qu’alors j’ai une robe grise qui est bien ; mais dont je ne veux m’embarrasser inutilement.
Je regrette que nous ne puissions déjà voir votre installation d’autant plus que nous ne pourrons de si tôt hélas ! retourner à Paris. Sais-tu que vous serez d’heureux mortels d’avoir déjà un petit hôtel tout en entrant en ménage, aussi il y a peu de mariées qui aient un père aussi bon que le tien, mais je l’approuve grandement, il n’a qu’à gâter ses enfants[4], c’est sa seule jouissance.
Adieu ma bien chère enfant, tu voudras bien partager avec ta petite sœur toute la tendresse de mère que je vous envoie et que je sens très vivement.
Emilie
Sois assez bonne ma chérie de transmettre à Madame Edwards[5] mes compliments affectueux.
Ton parrain[6] ne fera sa tournée de révision qu’à son retour de Paris, il me charge de vous faire à toutes deux ses bonnes amitiés.
J’ignorais que notre pauvre oncle Georges[7] ait encore eu une atteinte de ses affreuses souffrances, et cette pauvre cousine Elise[8] qui a déjà à subir ce mal horrible.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff est fiancée avec Marcel de Fréville.
- ↑ Laure Zaepffel, épouse d’Henri Velin.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Edgar Zaepffel.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Elisabeth Schirmer épouse de Georges Heuchel ?
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 20 mars 1880. Lettre d’Emilie Mertzdorff (épouse d’Edgar Zaepffel) (Nancy) à sa nièce Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_20_mars_1880&oldid=35457 (accédée le 14 novembre 2024).
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