Mardi 20 septembre 1859 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril (Trouville) à son frère Louis Daniel Constant Duméril (Paris)

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Trouville, Mardi 20 7bre

1859 – 8 h du matin

Mon cher ami,

Je viens de recevoir ta lettre dont je te remercie beaucoup, mais nous sommes peinés d'apprendre l'indisposition de ma Tante[1], qui, il faut bien l'espérer d'après ce qui tu me dis, n'aura pas eu de suites, mais nous sommes tous les trois[2] extrêmement désireux d'avoir promptement des nouvelles ; tu nous feras donc très grand plaisir en nous en donnant, si mon père[3] ne nous écrit pas.

Quant à mon père, nous voyons que malheureusement, le refroidissement de la température, la fatigue des réunions de famille et peut-être aussi un peu celle du voyage n'ont pas rendu la fin de sa jolie excursion aussi agréable que il l'avait été le commencement. Dans cet état de choses, nous n'osons plus du tout presser mon père de nous venir voir. Nous ne pouvons pas, malgré tout le désir que nous aurions qu'il n'en fût point ainsi, nous dissimuler que le temps est véritablement bien changé ; hier, il a plu toute la journée et ce n'est qu'à 5 heures que nous avons pu aller faire un tour sur la plage où, du reste, il faisait doux ; ce matin il y a un fort brouillard, mais le temps semble vouloir s'arranger, ce qui n'empêche pas une assez grande humidité d'entrer dans la maison. Cette maison, d'ailleurs, n'est, en effet, nullement construite pour la mauvaise saison et bien que l'on puisse faire du feu dans la salle manger, on ne peut véritablement pas très bien se garantir. J'insiste sur tous ces détails afin que mon père suive tout à fait son inclination dans cette circonstance, nous ne pouvons que lui répéter encore combien sa visite nous ferait plaisir, malgré sa brièveté, mais aussi combien nous regretterions de le voir ici s'il devait lui manquer quelqu'une de ces conditions de bien-être que les premiers froids surtout rendent si nécessaires.

Dis encore, je te prie, à mon père qu'il est inutile qu'il m'envoie les placards 173-182, attendu que j'en ai achevé hier la correction hier, grâce au mauvais temps et que, dès hier soir, je les ai expédiés directement à Didot[4].

Quant aux placards 213-233 que j'ai entre les mains, je n'ai pas encore pu en commencer la correction, mais quand elle sera terminée, je les enverrai à la maison, ou même les enverrai-je en deux paquets. J'ai pour moi-même des épreuves à corriger que j'ai laissées de côté tous ces jours-ci pour achever le premier gros paquet de placards que tu m'as adressé et ceux de 173-182.

Le travail aussi se trouve subordonné aux promenades ; ainsi, Dimanche, nous n'avons pas manqué de profiter du beau temps pour en faire une assez longue et très jolie sur les bords de la Touques. Adèle pourra recommencer demain à se baigner, mais je crois qu'elle ne se sentira le courage de se mettre à l'eau que si le temps est beau. Il est évident que pour le cas où mon père ne viendrait pas et où le temps se gâterait définitivement, l'absence d'Auguste[5] nous retiendrait forcément un peu plus, car puisqu'il ne sera libre que le 30, le 28 ou le 29 est la date la plus rapprochée que nous puissions fixer pour notre départ.

Adèle à qui tu as fait venir l'eau à la bouche en lui promettant une lettre sera, je crois, fort contente si tu peux mettre cette promesse à exécution. Y a-t-il quelque chose de décidé pour le départ de Félicité[6] ? Adieu, mon cher ami ; reçois avec Félicité, nos meilleures amitiés, présente nos compliments affectueux à mon père et à ma Tante et dis à cette dernière, je te prie, que Eugénie se serait jointe à moi pour lui exprimer le désir que nous éprouvons de la savoir rétablie, si elle nous n'étions pas fort pressés par l'heure de la poste. Ton bien affectionné Auguste Duméril.

Si mon père ne vient pas, il est inutile de m'envoyer mon habit noir, mais Eugénie ne peut pas se passer de sa planche à laquelle tu voudras bien joindre mes bottes.


Notes

  1. Alexandrine Cumont, veuve d’Auguste Duméril l’aîné.
  2. Auguste Duméril, son épouse Eugénie et leur fille Adèle âgée de 15 ans.
  3. André Marie Constant Duméril.
  4. André Marie Constant Duméril prépare la publication de l’Entomologie analytique. Histoire générale, classification naturelle et méthodique des insectes, qui paraît chez Firmin-Didot en 1860. Didot, famille d'imprimeurs et éditeurs, dont la raison sociale devient « Firmin-Didot » sous le Second Empire.
  5. Charles Auguste Duméril, leur cousin.
  6. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant, se prépare à partir pour Vieux-Thann, auprès de sa fille Caroline.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 20 septembre 1859 (A). Lettre d’Auguste Duméril (Trouville) à son frère Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_20_septembre_1859_(A)&oldid=40823 (accédée le 29 mars 2024).

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