Mardi 16 décembre 1800, 25 frimaire an IX

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

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n° 130

Paris le 25 Frimaire an 9e

16 décembre 1800[1]

Maman, il y a bien longtemps que je ne vous ai donné de mes nouvelles. je n’avais rien de bien important à vous mander et d’ailleurs je suis si occupé que je ne puis m’entretenir avec vous aussi souvent que je le désirerais.

Je me porte maintenant assez bien. cependant j’ai pris médecine aujourd’hui. J’ai eu un abcès au bras suite d’une blessure que je m’étais faite. La plaie n’est pas encore tout à fait fermée mais elle ne me gêne pas. du reste je me porte très bien. je n’ai même pas discontinué de faire mes leçons à l’école centrale.

On débitait ces jours derniers même dans les bureaux du Ministre[2] que monsieur Dejean[3] était nommé ministre de la guerre et que Berthier se rendait à l’armée. cette nouvelle ne s’est pas confirmée. Il paraît au contraire d’après les nouveaux succès que Bonaparte et par suite Berthier ne partiront pas, tant pis pour moi.

Auguste et Duméril[4] que j’ai vus hier, se portent fort bien. Auguste fait des démarches pour obtenir sa solde du temps qu’il a passé en Italie. il paraît qu’il perdra beaucoup. on ne le payera qu’en bons des domaines qui perdent près de moitié.

Détails sur l’emploi de son temps

Tous mes moments sont employés de manière que je n’ai pas un instant à moi : le matin, je prépare ma leçon de lécole centrale et je passe à l’école de Médecine. à 10 heures et demie jusqu’à midi je fais ma leçon. depuis midi jusqu’à quatre heures, je travaille à la rédaction de l’ouvrage d’anatomie comparée du Citoyen Cuvier[5] chez lequel je dîne. A cinq heures, jusqu’à dix heures et demie, onze heures, je travaille à l’école de Médecine dans mon laboratoire. et tous les jours, même besogne.

J’ai toujours huit mois d’arriéré de l’un et de l’autre côté. on nous fait espérer que nous serons payés.

Publication relative aux insectes

Je viens de publier le plan de mon ouvrage sur les insectes que j’ai cru nécessaire de faire connaître parce que je craignais qu’on ne s’empare de mon travail[6]. J’en ferai passer quelques exemplaires à la maison à la plus prochaine occasion. J’y joindrai un extrait très bien fait de notre ouvrage par un professeur de l’École.

Je vous prie d’embrasser pour moi Désarbret[7], Reine et papa[8].

Votre fils

C. Duméril.


Notes

  1. Cette date est de la même main que les numéros ajoutés aux lettres.
  2. Sans doute le ministre de l’Intérieur : Jean Antoine Chaptal.
  3. Jean François Aimé Dejean.
  4. Auguste (l’aîné) et Jean Charles Antoine dit Duméril, frères d’André Marie Constant Duméril.
  5. Deux volumes des Leçons d'anatomie comparée... de Georges Cuvier sont parus en l’an VIII (voir lettre du 12 avril 1799), un autre volume paraîtra en 1805, dont André Marie Constant Duméril est également l’éditeur scientifique.
  6. Bien plus tard, en 1823, André Marie Constant Duméril publie les Considérations générales sur la classe des insectes, Paris, F.-G. Levrault.
  7. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret et Reine, frère et sœur d’André Marie Constant Duméril.
  8. François Jean Charles Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 83-85)

Pour citer cette page

« Mardi 16 décembre 1800, 25 frimaire an IX. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_16_d%C3%A9cembre_1800,_25_frimaire_an_IX&oldid=40730 (accédée le 21 novembre 2024).

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