Mardi 21 octobre 1800, 29 vendémiaire an IX
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n° 129
21 8bre 1800
Lettres
De Constant Duméril
ans 9 et 10
1815,1816,1817,1819,1820.[1]
Paris le 29 Vendémiaire an 9e
Maman, je n’ai reçu qu’hier votre lettre du 24. nous ignorions le dérangement de la santé de papa[2]. D’après ce que vous me mandez, il n’y a pas de doute qu’il n’ait une ictère ou jaunisse. Cette maladie provient de ce que la bile, au lieu de passer dans les intestins comme cela doit avoir lieu, pour que la digestion se fasse bien, a éprouvé un obstacle : de sorte qu’elle a été absorbée par des espèces de veines qu’on nomme lymphatiques et qui circulent par tout le corps et principalement sous la peau. Voilà ce qui colore en jaune. Le dérangement dans les selles, les digestions pénibles sont la suite et dépendent du défaut de bile dans les intestins : les urines chargées en sont aussi la conséquence. Tout cela n’est qu’un effet secondaire qui disparaîtra avec la cause. quelle est-elle ?
Papa a eu du chagrin. il est reconnu que les affections mentales agissent beaucoup sur le foie, quelles resserrent le conduit par lequel doit passer la bile. C’est alors une affection nerveuse, qui cède à l’usage de l’éther pris à la dose de quatre gouttes sur un morceau de sucre ; quelquefois à celui de l’eau de fleur d’oranger à la dose d’une cuillerée à café avant le repas du midi ou du soir.
D’après ce que vous me mandez, il ne paraît pas que papa ait eu de fièvre, ni de douleurs vives du côté droit vers le bas des côtes, ni des coliques bien prononcées. Ainsi il ne peut pas y avoir d’obstruction, il lui faut du mouvement, peu d’occupation d’esprit et surtout le laisser le moins possible à ses réflexions. Cette maladie quoique longue n’est pas inquiétante.
Voici le remède que je crois nécessaire. pendant deux jours, avant de prendre la médecine que je vais indiquer, il prendra trois fois par jour le matin, à midi et le soir deux des pilules dont voici la recette pour une certaine quantité.
Savon médicinal, une demi once
Poudre de réglisse
farine de lin récente, chacun un demi grain
La pâte sera liée avec le sirop de guimauve ou l’huile d’amandes douces et l’on en formera des pilules de cinq grains chacune.
La médecine sera une décoction de trois onces de tamarins dans huit onces d’eau préparée selon l’art.
Après cette médecine papa continuera l’usage des pilules, et s’il y avait quelques particularités, je vous prie de m’en informer.
J’ai écrit hier à Désarbret[3] par le Citoyen Trannoy[4]. nous dînons tous trois ensemble aujourd’hui.
Je vous embrasse ainsi que papa et Reine[5].
C. D
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 81-83)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
petite rue Saint Rémy N° 4804
A Amiens
Pour citer cette page
« Mardi 21 octobre 1800, 29 vendémiaire an IX. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_21_octobre_1800,_29_vend%C3%A9miaire_an_IX&oldid=61127 (accédée le 21 novembre 2024).
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