Mardi 15 mai 1860

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris)


Original de la lettre 1860-05-15, pages 2-3 (photocopie complétée par la famille Froissart).jpg Original de la lettre1860-05-15 adresse.jpg


Je ne t'ai pas écrit hier pour te dire que mon mal de tête de Dimanche avait entièrement passé. Je ne l'ai pas fait chérie parce que j'étais de très mauvaise humeur & cela parce que j'avais dépensé toute ma journée en chemins de fer, voitures de toute espèce pour me voir refuser l'entrée d'un petit établissement de rien. Je suis rentré abîmé de fatigue & bête comme Job.

Une bonne nuit la première depuis mon départ a fait disparaître le tout.

Aujourd'hui jour de bourse ici, je n'ai pas fait grand chose, si ce n'est que j'ai préparé un peu ma semaine.

Je ne pense pas pouvoir quitter Samedi prochain comme je l'espérais j'aurai encore à rester 3 à 4 jours de plus. Cependant rien n'est impossible & ce ne sera que Dimanche que tu sauras positivement le jour de mon Arrivée.

Peu a peu les français quittent & si je reste au-delà de Dimanche il ne restera plus beaucoup de ce monde là.

Je n'ai pas besoin de te dire combien j'éprouve le besoin de rentrer, les jours sont si longs ! Ces 3 semaines < > pas de finir ! Encore 8 longs jours & je serai au milieu de vous je saurai t'embrasser, embrasse notre petite chérie[1] qui va si bien & qui nous a donné jusqu'à ce jour déjà tant de bonheur.

Ambition, soif de l'argent ou de pouvoir ou de devoir, je ne sais quelle est la puissance qui me retient ici, mais elle est bien puissante puisqu'elle sait faire taire la voix qui m'appelle auprès de toi.

Mais je n'ai pas grand chose à te marquer de moi, je vais bien & je prévois que mon voyage aura eu quelque résultat.

J'ai reçu la petite lettre de Papa[2] je pense avoir un supplément aujourd'hui ou demain

Léon[3] m'a adressé une lettre ainsi que Maman[4]. Notre bonne mère me parle un peu de sa cuisinière nouvelle qui ne doit entrer chez elle qu'au mois après la St-Jean ? Elle ne paraît pas avoir une santé bien forte, <Reine[5]> a quitté Emilie. Les Zaepffel[6] vont très bien.

Elle me parle beaucoup de la ferme[7] où elle a passé une bonne journée toute seule. Ma tante[8] étant toujours souffrante. Elle en est revenue comme toujours dans l'enchantement & le ravissement. Mais tu dois savoir tout cela. Je t'embrasse de cœur. tout à toi.

gros baiser à Mimi & < >, à tes parents[9] & amies[10].

Charles Mertzdorff

Mardi Soir 15 Mai


Notes

  1. Marie Mertzdorff, Mimi.
  2. Louis Daniel Constant Duméril, père de Caroline.
  3. Léon Duméril, frère de Caroline
  4. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
  5. Possiblement une domestique.
  6. Emilie Mertzdorff, sœur de Charles, et son mari Edgar Zaepffel.
  7. Propriété de Charles Mertzdorff, à Cernay.
  8. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
  9. Félicité et Louis Daniel Constant Duméril.
  10. Aglaé et Eugénie Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Annexe

Madame Charles Mertzdorff

rue des lions St Paul 911

Paris

Pour citer cette page

« Mardi 15 mai 1860. Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_15_mai_1860&oldid=51608 (accédée le 21 novembre 2024).

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