Dimanche 13 mai 1860

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril (Paris) à son mari Charles Mertzdorff (Manchester), avec un ajout de leur fille Marie

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Petit papa j'aime beaucoup t'écrire mais j'aimerais bien mieux te voir et surtout t'embrasser, ton baby'[1]

Dès que Mimi me voit écrire, chéri, elle dit papa et elle se jette sur la plume qu'elle tient avec une grâce toute particulière ayant bien soin de la tremper dans l'encrier. Pendant qu'elle griffonnait, Alexandrine[2] vient de lui demander ce qu'elle faisait elle a répondu : papa. Je ne peux te dire comme elle devient gentille elle a un peu fondu mais a beaucoup embelli, dans les magasins où je la mène chacun la remarque et elle séduit par ses airs gracieux, hier elle a tourné la tête de Mlle Romane qui dînait avec nous. Ce sera une petite coquine qui connaîtra très vite, je crois le pouvoir de ses charmes ; à nous d'y veiller !

Papa[3] a reçu hier soir ta bonne lettre, dès ce matin il est allé chez M. Rainbeaux pour tâcher d'avoir des renseignements sur les démarches qu'il doit faire.

Comme je suis contente, mon bien-aimé de voir que mes lettres te font plaisir, comme tu sais toi, m'envoyer des petits mots affectueux qui me vont au cœur et me rendent heureuse ; merci chéri, je ne puis te dire tous les rêves de bonheur que je fais pour quand nous serons de retour dans notre intérieur chéri où nous sommes si heureux ensemble ; quel bonheur de ne plus te quitter.

Aujourd'hui 13 Mai, nous allons fêter Adèle[4], je lui ai acheté une boucle de ceinture et des boutons de manches, plus des fleurs.

Papa vient de rentrer nous annonçant que le moniteur de ce matin renferme la nomination de bon-papa[5] au grade de Commandeur et un rapport très flatteur du ministre[6] à l'empereur[7] au sujet de cette nomination. Bon-papa n'est que médiocrement satisfait[8]. J'espère bien-aimé qu'aujourd'hui tu vas m'écrire puisque c'est dimanche, j'attends mardi matin avec impatience pour recevoir cette chère lettre. Mardi, ma cousine Fröhlich[9] va nous amener ses filles ; elle compte absolument sur nous deux.

Adieu, petit Charles bien-aimé pense toujours à ta femme qui t'aime bien tendrement, ne te fatigue pas trop, pense que tu dois soigner notre plus grand trésor et reçois les meilleurs baisers de ta fille et de sa maman qui te mangeront à l'envi quand tu seras de retour. Encore une fois au revoir

Ta Crol


Notes

  1. Caroline tient la main du « baby », Marie Mertzdorff, Mimi, qui a un peu plus d’un an.
  2. Alexandrine, domestique chez les Duméril.
  3. Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Adèle Duméril, cousine de Caroline.
  5. André Marie Constant Duméril.
  6. Gustave Rouland, ministre de l’Instruction publique et des Cultes depuis le 13 août 1856 (voir Benoît Yvert, Dictionnaire des ministres, Perrin, 1990).
  7. Napoléon III.
  8. André Marie Constant Duméril espérait qu’une pension viagère serait ajoutée à son traitement de retraite.
  9. Eléonore Vasseur, épouse d’André Fröhlich, mère d’Adèle et Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Dimanche 13 mai 1860. Lettre de Caroline Duméril (Paris) à son mari Charles Mertzdorff (Manchester), avec un ajout de leur fille Marie », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_13_mai_1860&oldid=39333 (accédée le 21 novembre 2024).

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