Mardi 14 juin 1887

De Une correspondance familiale

Lettre d'Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards (Paris), à Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


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Mardi[1]

Combien vous êtes aimable, chère bonne-Maman, de m’avoir adressé une si affectueuse lettre ; je tiens à vous en remercier de suite.

Je pense bien souvent à vous tous, et particulièrement à cette chère Madame Léon[2] ; le bon Dieu lui envoie de grandes joies, mais elle a sa large part de soucis, et de véritables ennuis ; c’est dans ces moments difficiles qu’on peut surtout juger de tout son mérite. Je ne saurais vous dire combien je l’admire, et l’aime. Il faut tant de vertus pour consentir à se soigner, à s’occuper de cette ennuyeuse question de santé qui devrait ne pas exister. Elle sait faire tout ce qui est nécessaire simplement, par amour pour les siens. Combien je souhaite qu’elle se rétablisse bien vite, et se sente vigoureuse. Nous avons quitté Launay Dimanche soir, laissant tout le monde satisfait et bien portant.

Les enfants[3] sont tout à fait gentils et sages, jouissant de tout ; la campagne est bien jolie en ce moment, et la bonne odeur des foins embaume l’air. Les nouvelles d’Émilie[4] sont excellentes ; son mari est parti ce matin avec l’intention de la ramener Dimanche. Elle ne passera que peu de jours à Paris, devant jouir le plus vite possible de la campagne qu’elle vient de louer[5]. La petite Marie-Thérèse a 1 dent, c’est une gentille enfant, en bon état mais mignonne, elle ressemble beaucoup à Jeanne.

Demain nous avons le mariage de Marthe Buffet[6], qui se réjouit beaucoup de devenir Alsacienne.

Mme Poincaré[7] a une petite fille depuis 8 jours. Sa pauvre mère serait bien heureuse.

Adieu, chère bonne-maman, chargez-vous de mille affectueux souvenirs pour Léon et Marie, de bons baisers pour Hélène et André[8].

Rappelez-moi, je vous prie au bon souvenir de Madame Stackler[9].

Recevez ainsi que bon-papa[10] l’assurance de ma profonde et respectueuse amitié.

AME

Papa[11] va bien.

Je voulais écrire à Madame Léon, pour lui faire part du mariage de Marthe, ne l’ayant pas fait, je vous prie de me servir d’intermédiaire.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil, non datée, écrite juste avant le mariage de Marthe Buffet le 16 juin 1887.
  2. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, qui séjourne à la clinique de la Toussaint à Strasbourg.
  3. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  4. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
  5. Les Froissart ont loué pour l'été une maison à Grigny, en région parisienne.
  6. Marthe Buffet épouse Édouard Gast.
  7. Louise Poulain d'Andecy, épouse d'Henri Poincaré, mère de Jeanne Poincaré, et fille d'Anaïs Louise Pauline Geoffroy Saint-Hilaire (décédée en 1885), épouse de Jean Baptiste Poulain d'Andecy.
  8. Hélène et André Duméril, enfants de Léon Duméril et Marie Stackler ("Madame Léon").
  9. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  10. Louis Daniel Constant Duméril.
  11. Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 14 juin 1887. Lettre d'Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards (Paris), à Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_14_juin_1887&oldid=58054 (accédée le 26 avril 2024).

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