Mardi 13 octobre 1896

De Une correspondance familiale




Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)


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Launay 13 Octobre 96[1]

Je vois avec plaisir que tout s’est bien arrangé avec Mlle Bonde & que tu as l’esprit tranquille au sujet de tes fils[2], tout en pouvant rester à la campagne avec tes filles[3]. Mais quel temps, c’est l’hiver absolument & c’est peu fait pour guérir les rhumes. Jean[4] avait, en revenant, meilleure mine qu’en partant, malgré cela il tousse encore beaucoup & n’est pas sans avoir parfois quelque mouvement de fièvre, il s’occupe d’obtenir un sursis pour ses 13 jours de service & je crois que le Docteur Desplantes[5] n’a guère exagéré en mettant sur son attestation qu’il y aurait pour lui danger de la vie s’il partait & s’exposait en ce moment à l’humidité, au froid etc. etc.

Ton oncle[6], avant de recevoir ta lettre (Dimanche matin) comptait passer chez toi Lundi, te croyant revenue à Paris, il ne sera ici que ce soir au plus tôt ayant une réunion indispensable aujourd’hui. Madame Brouardel[7] & Madame Mabrun[8] sont arrivées hier & nous n’avons à leur donner que le coin du feu, comme distraction, c’est maigre.

Tu as su que Marthe & Jean[9] s’étaient arrêtés 24 heures à Paris & avaient aperçu quelque chose des magnificences impériales[10], ce dont j’étais très aise, car vraiment aller d’une gare à l’autre – chose impossible du reste – sans rien regarder aurait été par trop …… comment dirai-je ? Ton oncle est allé à l’inauguration du Pont Alexandre III[11], à la réception de l’hôtel de ville, au feu d’artifice, à la représentation des français, aussi il a brûlé Versailles, il en avait assez & a pris avec ses neveux le train qui les a amenés ici Jeudi à 8h1/2 du soir.

Mon rhume ne fait que croître, je n’ai plus ni goût, ni odorat & suis complètement abrutie. Cela deviendra bientôt mon état ordinaire hélas !

Les enfants[12] vont bien.

Adieu, ma chère enfant je t’embrasse bien affectueusement ainsi que tes filles. As-tu de bonnes nouvelles de ton mari[13] ?

CMED


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Robert et Charles de Fréville.
  3. Jeanne, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
  4. Jean Dumas.
  5. Jules Tournet-Desplantes.
  6. Alphonse Milne-Edwards.
  7. Élisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.
  8. Hypothèse : Emma Dreyfus, veuve de Paul Mabrun.
  9. Marthe Pavet de Courteille et son époux Jean Dumas (les neveux d'Alphonse Milne-Edwards).
  10. Le tsar Nicolas II de Russie est en visite officielle à Paris du 6 au 8 octobre.
  11. Pose de la première pierre. Le pont Alexandre III sera inauguré en 1900.
  12. Cécile, Louise Marie, Daniel, Georges et Jeanne Dumas.
  13. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mardi 13 octobre 1896. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_13_octobre_1896&oldid=59247 (accédée le 21 novembre 2024).

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