Mardi 13 mars 1900
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville
Douai, 13 Mars 1900
Merci de ta bonne lettre, ma petite Marie ; nous accueillerons avec plaisir les tourterelles de Rochebelle ; les enfants[1] sont charmés à l’idée de les soigner et je pense que notre maison est assez grande pour que nous puissions nous préserver de leurs roucoulements matinaux. Tu peux donc nous les expédier ; si tu veux bien envoyer avec elles la cage que tu as achetée, je te la rachèterai volontiers, car je n’en ai pas ; peut-être en trouverais-je ici, si tu penses qu’il serait embarrassant de faire voyager cette cage.
Je n’avais rien reçu de Thérèse[2] : tout ce qu’elle dit est bien triste et j’approuve complètement ce que tu as fait ; c’est très bien de l’avoir adressée à Maria[3] et très gentil de lui avoir envoyé 25 F.
Je ne sais plus depuis quand je t’ai écrit, je crois qu’il y a très longtemps. J’ai tout à fait repris ma vie et n’en sens aucun inconvénient.
Ma retraite a commencé hier après-midi. Nous avons eu aujourd’hui deux sermons absolument parfaits sur l’emploi du temps et sur la mort.
T’ai-je dit que j’ai commencé à mettre par écrit quelques souvenirs de la vie de notre chère Tante[4] ; c’est un travail rempli de charme pour moi et cela me fait vivre avec elle, mais je me sens bien au-dessous de ma tâche et j’ai peur que mes enfants n’y trouvent pas grand intérêt. Je ne continuerais pas même, si je ne trouvais un très grand et très réel avantage pour moi-même à repasser cette vie si belle, à en regarder toute la suite, à voir tout le bien que tante a répandu autour d’elle. Je t’assure que c’est un beau sujet de méditation, et si tu as quelques loisirs cet été, je t’engage à t’y absorber aussi ; d’abord tu le ferais cent mille fois mieux que moi. Quand j’aurai fini je t’enverrai mon petit cahier, mais j’en suis loin et maintenant que j’ai repris ma vie active je n’aurai plus que de rares instants à y consacrer. N’en parle pas à oncle[5] avant de l’avoir lu. J’ai fait déjà ces jours-ci pour mes enfants qui s’embrouillent toujours dans toutes nos familles un petit récit très court et très simple de notre enfance qui est destiné à précéder ce que je leur raconterai de tante. Cela aussi m’a été très doux à méditer ; comme tous les événements s’enchaînent et sont préparés de loin !
Tante Marie[6] m’a écrit qu’elle était ennuyée de la santé d’André ; elle a vraiment trop de soucis, cette pauvre tante. Je suis bien contente que Jeanne[7] soit remise et bien contente de savoir Charles[8] au vert pour quelques jours.
Je compte aller voir Jacques demain, ce dont je me réjouis beaucoup ; ces deux semaines de séparation m’ont paru très longues.
Damas[9] est revenu hier de Campagne où il a passé 2 jours. Il a trouvé sa mère[10] bien, mais affaiblie, elle a encore plus de peine à marcher.
Adieu, ma petite Mie chérie, je t’embrasse bien tendrement ; mille amitiés à tous de la part du ménage.
Émilie
Notes
- ↑ Jacques, Lucie, Madeleine, Michel, Pierre et Louis Froissart.
- ↑ Hypothèse : Thérèse Neeff.
- ↑ Hypothèse : Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
- ↑ Aglaé Desnoyers († 1887), épouse d'Alphonse Milne-Edwards .
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Stackler, veuve de Léon Duméril et mère d'André Duméril.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Charles de Fréville.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 13 mars 1900. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_13_mars_1900&oldid=54201 (accédée le 5 octobre 2024).
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