Mardi 5 décembre 1899

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


Fs1899-12-05 pages1-4 Emilie.jpg Fs1899-12-05 pages2-3 Emilie.jpg


Douai, 5 Décembre 99

Ma chère petite Marie,

Je t’ai écrit si pressée hier soir, après une série de lettres que je ne t’ai rien dit, je crois ; d’abord je ne t’ai pas parlé de ton idée d’avoir le lunch du mariage[1] chez toi. Que vous êtes bons, mes chers amis[2], que vous êtes bons et dévoués ! et qu’on vous devra de reconnaissance dans tout ce mariage, car il sera bien votre œuvre d’un bout à l’autre, et ceci en sera le couronnement. Je ne serais, comme toi, pas étonnée qu’on accepte votre offre et je ne doute pas que ce soit très agréable pour tous, mais, pour toi, ma pauvre Amie, quel embarras ! Tu sortiras triomphalement de celui-là comme de tant d’autres, je n’en doute pas.

Parlons maintenant de notre chère Henriette[3]. Que c’est beau d’être arrivé à un résultat pareil ! Le parti qu’on a pris est peut-être en effet plus sage et les raisons que tu donnes à l’appui ne me laissent pas de doute. Je ne me consolerai pas, d’ailleurs, d’avoir contribué pour si peu à cette belle somme, si je ne pensais que j’aurai l’occasion de venir en aide d’une autre façon à notre pauvre Amie.

C’est ennuyeux de voir notre pauvre oncle[4] encore souffrant et fatigué.

Il me semble que pour les peintres, je partagerais l’avis de Jean[5] et que j’attendrais le printemps. Dans ce pays-ci on ne pourrait pas se permettre de peindre au commencement de l’hiver, peut-être est-ce différent en Tunisie. Pauvre Marthe[6], je la plains de ne pas pouvoir se laisser entièrement guider !

Mon gamin de Jacques[7] s’est arrangé pour avoir un rendez-vous chez le dentiste pour demain Mercredi, ce qu’on lui avait déclaré impossible et, comme je tiens à savoir où en sont les arrangements de dents, me revoilà en route pour Lille demain ce dont je ne me plains pas trop d’ailleurs, et lui encore moins !

Il est temps que je m’habille pour aller dîner chez Mme Parenty[8], en compagnie d’un Père jésuite qui nous prêche en ce moment une retraite bien belle et bonne, je regrette d’en manquer une séance demain.

Je t’embrasse de tout mon cœur, ma chérie.

Émilie

Nous aurions bien besoin de nous mettre comme vous à l’électricité, notre gaz de Douai n’éclaire plus, tout le monde s’en plaint.


Notes

  1. Le mariage d'Hélène Duméril avec Guy de Place, qui aura lieu le 5 février 1900.
  2. Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville.
  3. Henriette Baudrillart, épouse Albert David-Sauvageot, qui est décédé le 28 octobre 1899.
  4. Alphonse Milne-Edwards.
  5. Jean Dumas.
  6. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
  7. Jacques Froissart.
  8. Madeleine Decoster épouse d'Henri Parenty.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mardi 5 décembre 1899. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_5_d%C3%A9cembre_1899&oldid=54101 (accédée le 22 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.