Mardi 13 décembre 1803, 21 frimaire an XII
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n° 148
Ma chère mère
Vous savez bien que c’est assez mon péché d’habitude que d’oublier de répondre. j’ai eu encore plus de tort dans cette occasion-ci que dans toute autre puisque j’avais à vous remercier du paquet que j’ai reçu bien conditionné. mais j’en avais l’intention et j’ai cru l’avoir fait dès le lendemain.
je ne sais pas du tout où en sont les nominations pour la place de juge à amiens. j’ai communiqué au général Dejean[1] la lettre que j’écrivais au grand juge[2] pour faire valoir les titres de Duval[3]. Le général m’a communiqué alors la réponse qu’il avait reçue du grand juge et que voici à peu près : « On ne m’a pas présenté le Citoyen Duméril dans la note adressée par le tribunal ; mais c’est égal je ne suis pas obligé de choisir parmi les candidats. Ce n’est qu’une pure formalité que j’exige pour éloigner beaucoup de prétendants sans titres. » J’avais cru d’après cela qu’il n’y avait plus de démarches à faire. Dumont[4] m’a appris il y a une huitaine qu’il vous avait communiqué ses craintes mais il n’a cependant aucune donnée sinon qu’on n’a pas répondu à une lettre qu’il avait adressée au chef du bureau de cette partie. je n’ai aucun moyen de recommandation auprès du grand juge.
Mes deux frères[5] se portent bien : l’aîné nous donne tous les jours de nouveaux chagrins. c’est un homme absolument perdu par le jeu dont nous avons tous à rougir.
J’ai quelques inquiétudes pour une lettre de change que j’ai reçue de Montfleury[6] et dont je ne puis toucher le montant qui est de 600ll on m’a promis de l’argent pour aujourd’hui, j’attends. Montfleury m’a chargé de plusieurs emplettes et de faire passer le reste à sa femme. demandez à Papa[7] s’il consent que je remette à Auguste les deux cents livres qu’il a avancées à Dumont.
j’ai fait hier marché avec un libraire pour mon ouvrage j’espère qu’il sera imprimé sous un mois. c’est Crapelet qui se charge de cette édition dont Déterville fait les fonds. J’espère toucher 3 000ll de cette affaire-là.
j’ai des occupations par dessus la tête, mais je me porte bien. je vous embrasse et toute la famille.
Votre fils C. Duméril
le 21 frimaire an XII
Notes
- ↑ Jean François Aimé Dejean.
- ↑ Claude Ambroise Régnier (1746-1814) est grand-juge et ministre de la justice depuis 1802.
- ↑ Probablement Augustin Duval, son cousin.
- ↑ Probablement André Dumont.
- ↑ Jean Charles Antoine dit Duméril, né en 1765 et Auguste (l’aîné), né en 1771.
- ↑ Florimond dit Montfleury (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril, a épousé en 1797 Félicité Vatblé.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 108-109)
Annexe
À Madame
Madame Duméril
Petite rue Saint Rémy n° 4804
A Amiens
Pour citer cette page
« Mardi 13 décembre 1803, 21 frimaire an XII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_13_d%C3%A9cembre_1803,_21_frimaire_an_XII&oldid=40694 (accédée le 9 octobre 2024).
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