Mardi 12 novembre 1878 (A)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Ma chère Marie, je ne comprends pas que ma lettre écrite le lendemain de mon arrivée[1] ne soit pas à ton adresse ; elle se trouvait dans une grande enveloppe à moins que Thérèse[2] ne l’ait oubliée. Je l’ai écrite le matin pour être bien sûr qu’elle soit [prête] car une fois en route de la fabrique je ne sais jamais à quelle heure je rentre.
Elle doit être arrivée à l’heure présente.
Je t’assure que j’étais bien fâché contre moi-même de ne pas vous avoir donné signe de vie dès mon arrivée Dimanche, j’en avais bien le temps mais avant la curiosité m’a poussé à faire le résumé du mois écoulé & si bien qu’il n’était plus temps de vous adresser un mot.
Ce compte de Mois n’est pas tombé juste du premier jet & me suis entêté à en chercher la cause.
Simple étourderie, parce que je [ ]
Depuis que je vous ai écrit rien de particulier ici. Comme je crois vous l’avoir dit j’ai trouvé à bonne-maman[3] bien bonne mine, il est vrai qu’elle était en contemplation devant sa petite idole[4]. Mais enfin elle va très bien pour le moment & vient assez régulièrement tous les soirs avec bon-papa faire sa visite à Hélène.
Léon et Marie[5] sont venus passer leur soirée avec moi hier au soir. Marie va assez bien, cependant aujourd’hui elle est encore dans son lit, elle n’est toujours pas comme nous voudrions la voir.
La mère[6] aussi est dans une mauvaise voie de santé, souvent elle est forcée de garder le lit & est parfois d’une pâleur effrayante.
En ce moment notre maison est envahie par une légion de [Spitzmause[7]] auxquelles Thérèse fait la guerre sans grand succès.
elle vient de constater un grand dégât dans l’armoire aux provisions & c’est principalement à la bougie que ces vilaines souris s’en prennent. l’on a emprunté des chats que ma cuisinière enferme dans grenier & cave. Journellement elle prend dans ses 4 pièges 2 à 3 souris, mais cela ne suffit de longtemps pas & elle est trop économe pour acheter quelques pièges de plus !
Hier soir j’ai quitté la maison à 3h pour faire visite au Kattenbach[8] où je n’ai pas trouvé la sœur B.[9] de là chez les Henriet qui attendaient leurs filles. enfin chez les Piquet[10] & suis rentré à 41/2h, heure à laquelle il commence déjà à faire sombre.
Je n’ai pas trouvé Mlle Adèle qui était auprès de son amie Mme Lehr[11] malade. Henriet[12] m’a demandé s’il était vrai que Paris se préparait à une nouvelle Révolution. Et laquelle c’est ce qu’il voulait savoir.
Je n’ai pas encore pu aller faire visite à Maria[13] mais dès que j’aurai écrit cette petite missive j’irai. Elle va bien m’a-t-on dit.
J’ai remis les deux paquets à destination. & Marie se propose de faire écrire à sa fille une lettre de remerciements à sa Marraine[14].
Le baromètre est bien bas, il ne neige pas encore, mais il faut s’y attendre, ce matin, j’ai constaté 1 1/2° de froid & de la glace dans la cour. Il fait plus froid ici qu’à Paris, un temps peu agréable. Demain je vais à Mulhouse.
J’emporte une lettre à la poste de suite
tout à toi.
ChsMff
Notes
- ↑ Lettre du 11 novembre 1878.
- ↑ Thérèse Neeff, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (« bon-papa »).
- ↑ Sa petite-fille Hélène Duméril.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Des musaraignes ?
- ↑ Orphelinat catholique de Thann.
- ↑ Sœur Bonaventure.
- ↑ Les sœurs Joséphine et Adèle Piquet.
- ↑ Probablement Sophie Zindel, épouse de Jules Lehr.
- ↑ Louis Alexandre Henriet.
- ↑ Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
- ↑ Emilie Mertzdorff, marraine d’Hélène Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 12 novembre 1878 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_12_novembre_1878_(A)&oldid=40686 (accédée le 18 décembre 2024).
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