Lundi 11 novembre 1878 (B)
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 11 Novembre 78.
Mon Père chéri,
Comment vas-tu ? As-tu fait bon voyage ? J’espère que oui mais cependant nous n’avons pas reçu ce matin le petit mot tant désiré qui nous aurait assuré que tu allais bien et que tu avais trouvé tout en bon état ; j’aime à penser que ce n’est rien de fâcheux qui t’a empêché de venir nous dire un petit bonjour et je me contente d’attendre avec impatience le courrier de demain.
Tu as dû avoir beau temps pour ton voyage, ici la nuit a été superbe ; par contre la journée d’hier n’était qu’une tempête, il faisait froid, le vent soufflait avec force et il a plu même par moments ; cette nuit la bourrasque a continué, aujourd’hui le vent se calme et la pluie alterne avec un soleil magnifique et chaud.
Mon rhume suit son cours et va mieux par conséquent, je tousse beaucoup moins et ma toux est plus grasse cependant on m’a empêchée de sortir hier et tante[1] ne veut pas encore que j’aille cette après-midi au cours de littérature ; c’est peut-être plus raisonnable mais cela me fait grogner un peu parce que je me trouve très bien. Je tiendrai compagnie à oncle[2] qui ne sort pas non plus quoique sa voix ait à peu près repris son son ordinaire. Depuis ton départ, mon Père chéri, rien de particulier ne s’est passé ici ; hier soir au dîner M. Edwards[3] voulait t’attendre et il a été fort surpris d’apprendre que tu étais à Vieux-Thann depuis 12 heures, je ne comprends pas comment nous ne l’avions pas averti. Après le déjeuner j’ai rangé les albums à photographies tandis que tante, bonne-maman[4] et Emilie[5] allaient à l’enterrement de M. Laroze[6]. A 2h Jeanne Brongniard est arrivée puis Mme Lafisse[7] et ses nièces[8] et enfin un peu après les Allain[9] ; le petit salon regorgeait de monde et quand Marthe[10] a été là nous étions 8 jeunes filles. Jeanne Duval est immense et forte en conséquence je paraissais toute petite à côté d’elle.
Papa j’ai trop de chance, voilà tante qui rentre et qui trouve qu’il fait si si doux qu’elle va m’emmener en voiture au cours ! elle m’assure cependant que ce n’est pas parce que j’ai grogné ; mais j’ai été si paresseuse ce matin que comptant sur toute ma journée que me voilà en retard pour t’écrire, pardonne-moi mon petit Papa chéri, je suis bien contente de sortir aussi comme je connais ta bonté tu m’excuseras pour l’arrêt brusque de cette lettre. A demain la suite de ma conversation.
Je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime mon Père chéri, chéri, tu sais n’est-ce pas que je t’aime énormément ?
ta fille,
Marie
Notes
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Jean François Laroze.
- ↑ Constance Prévost, épouse Claude Louis Lafisse.
- ↑ Hortense et Jeanne Duval.
- ↑ Émile Allain, son épouse Alice Lebreton et leurs enfants, dont : Émilie et Henriette Louise Allain.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 11 novembre 1878 (B). Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_11_novembre_1878_(B)&oldid=42472 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.