Mardi 12 mai 1874

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1874-05-12 page 1.jpg original de la lettre 1874-05-12 page 2.jpg original de la lettre 1874-05-12 page 3.jpg


Mardi 12 Mai 1874

Mon petit père chéri,

Tu espérais peut-être que puisque j’étais en vacances je t’écrirais quelquefois mais je me suis mise en retard au commencement de la semaine parce que comme Marie[1] j’ai fait la mouche du coche de sorte que j’avais hier l’analyse que je devais donner ce matin il a donc fallu beaucoup me dépêcher.

Marie est enrhumée elle aussi n’a-t-elle pas très bonne mine mais elle mange bien et elle rit bien elle se lève assez tard depuis deux jours pour se reposer mais je crois qu’elle n’est pas encore bien malade.

La lettre que nous avons reçue de toi hier nous a fait bien plaisir puisqu’elle nous a appris que tu allais beaucoup mieux.

Nous allons avoir notre examen[2] Lundi et le soir je quête au mois de Marie.

Tante[3] vient de m’essayer des robes de première communion qu’on donnera aux petites filles. Tu sais que je compte bien sur mes deux cents francs car je pense bien en avoir besoin pour ma première communion.

André[4] est dans la chambre de sorte qu’il me distrait beaucoup et je n’écris pas très vite. C’est maintenant Marthe[5] qui sert de mannequin pour essayer des voiles.

Les cousines[6] sont très gentilles et très aimables, elles me plaisent beaucoup, elles nous ont montré le portrait de leur chat qu’elles aiment tendrement c’est leur photographie tu sais.

Louis Target a dîné hier avec nous et il paraît qu’il n’est parti qu’à minuit.

Il y a eu hier un incendie immense boulevard <Masa>[7] c’est affreux paraît-il.

Hier il nous n’avons rien fait d’extraordinaire, le matin leçon de piano[8] puis promenade chez Marthe ensuite leçon de français puis après Sylvie[9] enfin dîner et tout cela assaisonné d’analyses de catéchisme. Tu vois que notre vie n’est pas bien agitée. Ce matin j’ai eu les palmes ainsi que Jeanne[10] c’est Marie Rué qui a eu le cachet d’or la petite horreur m’a rattrapée, elle en a 6 comme moi, quant à Jeanne elle en a déjà 8.

Je me réjouis bien de te voir il me semble qu’il y a si longtemps que je ne t’ai pas embrassé ; enfin quand tu viendras, j’espère que tu resteras un bon moment.

Dis bien à bonne-maman Duméril[11] et à oncle Léon[12] qu’ils viennent le plus tôt possible et restent ensuite le plus tard qu’ils pourront. Tu lui diras aussi à cette chère bonne-maman que je me réjouis beaucoup de la voir.

Je ne crois pas que nous ayons de commissions à te donner, si toutefois nous en avions nous te le dirions.

Je crois bien que c’est Mme Allain[13] qui est en ce moment avec tante.

Adieu mon petit père chéri, je te quitte pour jouer à la poupée avec Marthe. Je t’embrasse bien bien fort et de tout mon cœur mon petit papa mignon. Je te charge aussi d’embrasser bon-papa et bonne-maman[14].

Encore mille baisers à mon père chéri de la part de son tout tout petit oiseau

Emilie

Je ne suis pas très riche en nouvelles, cependant je peux te dire qu’oncle[15] a commencé son cours il y a quelque temps et qu’il a toujours beaucoup de monde.

Si tu trouves gartenlaube[16] qui doivent être dans le porte-musique, tu serais bien gentil de nous les apporter car il y a dedans plusieurs morceaux que nous <pouvons> jouer.


Notes

  1. Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
  2. Au cours des dames Charrier-Boblet.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  4. Le petit André Pavet de Courteille.
  5. Marthe Pavet de Courteille.
  6. Amélie Masterson et sa sœur, cousines anglaises.
  7. Allusion possible au grand incendie du faubourg Saint-Antoine, le 11 mai.
  8. Leçon de piano probablement avec Mlle Poggi.
  9. Sylvie Rosset.
  10. Probablement Jeanne Pavet de Courteille.
  11. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  12. Léon Duméril.
  13. Alice Lebreton, épouse d’Emile Allain.
  14. Louis Daniel Constant et Félicité Duméril
  15. Alphonse Milne-Edwards.
  16. « Gartenlaube », tonnelle en allemand, est un journal en allemand de grande diffusion.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 12 mai 1874. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_12_mai_1874&oldid=40684 (accédée le 22 décembre 2024).

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