Lundi 6 novembre 1882
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 6 Novembre.
Mon cher Papa, je ne puis que venir confirmer aujourd’hui ce qu’Émilie[1] t’avait a dû t’écrire hier, c’est-à-dire que nos voyageurs[2] sont arrivés en parfait état et ont fait un excellent voyage ; nous avons été les voir Marcel[3] et moi à 9h1/2 pendant leur déjeuner et nous avons eu ainsi des nouvelles toutes fraîches de notre papa chéri. M. Edwards[4] n’assistait pas au déjeuner, il souffrait beaucoup de l’estomac et ne s’était pas levé ; Samedi soir chez ma belle-mère[5], c’était mon oncle Villermé[6] qui avait très mauvaise mine et se plaignait d’avoir de la peine à digérer ce qu’il avait pris à son dîner ; tu vois que tu n’es pas le seul, mon pauvre papa, à être mal monté de ce côté ; comme notre malheureuse machine se détraque vite !
Nous sommes revenus bien précipitamment ensuite du Jardin pour déjeuner nous-mêmes puis Nounou[7] est partie à Choisy chez sa fille et je suis restée toute la journée gardienne de ma fille[8] qui a été du reste très sage ; nous avons été dans le jardin puis elle est rentrée et a regardé longtemps le beau livre d’images que son papa lui a fait et qu’elle retrouve avec un énorme plaisir. Vers 5h nous avons eu la visite de tante et d’Émilie ce qui a été une vraie surprise ; toutes leurs affaires étaient rangées et elles avaient vu une quantité de personnes ; je ne comprends pas comment elles s’y étaient prises. Mme Pavet[9] et Marthe sont venues les rejoindre ici et toute la bande s’est en allée à pied sauf tante.
Ce matin je me suis de nouveau livrée à des rangements que je ne te détaille pas car cela n’aurait pas d’intérêt pour toi ; je suis sûre que pendant longtemps tu verras dans toutes mes lettres qu’il est question de rangements et tu finiras par en rire, aussi gare à moi si mes armoires ne sont pas en ordre lorsque tu viendras.
Après le déjeuner j’ai conduit Jeanne chez M. Empis[10] car son dérangement qu’elle a eu presque tout le temps à Vieux-Thann continuait toujours et finissait par m’ennuyer. Il m’a indiqué un petit régime à lui faire suivre et je pense que ce sera bientôt passé ; j’ai profité de la circonstance pour faire donner une consultation à Nounou qui est reprise un peu de son oppression.
Nous voilà de retour ; Jeanne s’en va au Luxembourg quoiqu’il soit déjà 4 heures ; mais le temps est très doux. Nous aurons demain Mathilde, Paule et Louis Arnould à déjeuner aussi avons-nous invité Jean[11] et Émilie je ne sais s’ils pourront venir. Que je voudrais t’envoyer un petit reflet de cette réunion de jeunesse pour égayer ton dîner ! Adieu, mon Papa chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime
ta fille
Marie
Bien des amitiés à bon-papa et bonne-maman[12].
Notes
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Émilie Mertzdorff, Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers ("tante"), venus de Vieux-Thann.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louis Villermé.
- ↑ Nounou probablement prénommée Marie.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille et mère de Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Le docteur Georges Simonis Empis.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 6 novembre 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_6_novembre_1882&oldid=41225 (accédée le 18 décembre 2024).
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