Lundi 3 et mardi 4 avril 1876
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Lundi soir 3 Avril 76.
Ma chère Marie
J’aurais voulu t’écrire hier, mais j’ai eu une visite. Je suis de retour depuis 4 jours & il me semble que j’ai à vous donner quelques détails sur la maison car mon petit mot que je vous adressai vous disait peu.
Voyage bon, sans trop de fatigue, comme vous savez déjà. Aussi dès mon arrivée je circulais bien dispos à travers maison, & usine. Me suis couché de bonne heure & excellente nuit.
Samedi de même, l’après-midi, j’étais au moulin le long de l’Eau ce qui m’a pris 2 ou 3 heures. J’ai constaté que la maison n’avance nullement & que pas un peintre ne s’y trouvait depuis 2 ou 3 jours.
hier Dimanche je me réveille avec mal de gorge & me voici mouchant & toussant ce qui est fort désagréable, mais comme ma gorge n’est qu’un peu rouge sans points blancs [ ] quelques jours. Ce n’est que désagréable.
Samedi Jeanne Heuchel a envoyé son grand-père[1] en Avril, lui persuadant qu’un ami l’attendait chez moi & qu’il dînerait avec nous. Le bon grand-père a beaucoup ri de son aventure.
hier Dimanche j’ai eu la visite de M. Siferlen le Russe. Comme mes jeunes convives[2] dînaient en ville j’ai invité MessieursStoecklin[3] & l’Oncle. Nous étions donc à nous 4 vieux & l’on a bien ri. Mon Oncle était bien disposé & M. Sifferlen[4] y prêté, car impossible de rencontrer un russe plus primitif & plus russe que cet ami.
Ce n’est qu’au sortir de la grand Messe que j’ai pu dire à Nanette[5] que nous aurions ces 3 Messieurs à dîner. Eh bien le dîner était suffisant & très présentable. c’est un vrai talent de cuisinière. Je comptais sur mon Dimanche pour me faire de longues colonnes de chiffres & d’additions. Et je n’en ai rien fait, toussant pas mal je me suis couché de bonne heure.
Pour me lever ce matin à 6 ½ h. J’ai pris une bonne tasse de thé & comme le temps est à la pluie, malgré la hauteur du baromètre qui est au beau ; je n’ai pas quitté mon bureau où j’ai reçu pas mal de visites. entre autre M. Risler[6] de Cernay, car nous sommes dans un assez grand embarras pour savoir que faire avec notre canal.
Léon[7] était hier & avant-hier à Morschwiller. Les parents[8] vont bien & pensent venir passer la journée de demain Mardi ici. Comme je n’aurais pas le temps de vous écrire je préfère le faire ce soir, la lettre ne partant que demain.
Après le départ de messieurs mes hôtes hier vers 4 h j’étais chez les Berger où j’ai trouvé visage de bois, l’on était à Lauw. j’ai continué ma tournée de visites chez tante[9] & Mme Stoecklin[10]. cette dernière pense emménager fin du mois à Epinal, ce qui ne la réjouit pas trop.
Hier nous avions une journée délicieuse, beau soleil, air pur & chaud ; que c’est bête de choisir justement un pareil jour pour commencer à tousser et à moucher. aussi les dames Stoecklin rentraient-elles avec un bouquet énorme de violettes qu’elles vont chercher au Moulin. Je ne sais encore rien des habitants de Thann, cependant j’ai eu la visite de M. Mairel[11] qui me dit qu’il y a beaucoup de Malades.
Depuis que je suis ici, je me suis occupé plus de l’Inventaire & de mes Comptes de fabrique qui n’étaient pas à jour, que de la fabrique. Du reste je laisse maintenant agir les jeunes. Par le fait le résultat de l’année de travail ne sera pas trop mauvais ; il y a pas mal d’amélioration avec les années passées. Ce sera bien bon car cela me permettra de me retirer un peu plus tôt.
Mardi soir. j’ai passé une bonne nuit. sans avoir trop toussé, & voilà que je mouche, en sorte que la fin n’est pas loin.
Nos bons parents sont ici, ils rentrent du Moulin & vont faire visite aux Berger.
Si ma lettre doit vous arriver demain soir il faut que je me dépêche car bon-papa[12] la mettra à la poste.
De Besançon l’on a la nouvelle que l’on déménage & aujourd’hui même Adèle[13] & toute sa smala doivent être en route pour Rambouillet où l’on séjournera jusqu’à parfaite installation à Flers.
Je ne suis pas encore sorti aujourd’hui, ce matin je me trouvais si bien dans mon lit que j’ai fait le paresseux jusqu’à 9 h. Ce n’est rien. A l’instant j’ai une bonne lettre d’Emilie[14] que j’embrasse de tout cœur ainsi que ma grosse & tout [le monde]
ChsMff
Notes
- ↑ Georges Heuchel (« l’Oncle », 72 ans).
- ↑ Léon Duméril et Georges Duméril (« les jeunes » qui s’occupent de la fabrique).
- ↑ Jean Stoecklin (60 ans).
- ↑ Léonard Sifferlen.
- ↑ Annette, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
- ↑ Possiblement Georges Alphonse Risler.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (les « bons parents »).
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
- ↑ Elisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin.
- ↑ Alphonse Eugène Mairel, médecin à Thann.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil, et mère de Marie, Léon, Pierre, Louise et Auguste Soleil.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 3 et mardi 4 avril 1876. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_3_et_mardi_4_avril_1876&oldid=52338 (accédée le 15 novembre 2024).
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