Dimanche 9 avril 1876

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris), partiellement en allemand, à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1876-04-09 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-04-09 pages 2-3.jpg


Paris le 9 avril 1876[1],

Mon cher père,
Qu’est-ce que tu dois penser de moi ? Parce que ça fait longtemps que je ne t’ai plus écrit. Mais je pense souvent à toi et je te prie de me pardonner. Jeudi et vendredi je suis allée toute la journée passer les examens avec Marthe Tourasse et cela prend beaucoup de temps. La première fois c’était très bien mais vendredi seulement une sur [ ], deux ont été renvoyées au milieu, l’une pour l’histoire, l’autre pour la religion.
Mon petit papa est-ce que tu pourras me lire parce que je ne sais plus ni parler ni écrire et je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai commencé ainsi parce que ça t’ennuiera sûrement
Hortense[2] est ici depuis hier et elle partira aujourd’hui. Nous l’accompagnerons à 3 heures. Nous sommes allées à la messe à 16 h puis nous sommes allées à la ménagerie avec Oncle[3] et la famille Brongniart.
Hier nous avons eu toutes nos amies et aussi la visite de Mme Cordier[4] avec sa seconde fille[5] que je n’avais jamais vue.

J’abandonne la langue allemande car je ne sais pas faire de longues phrases et comme je n’ai pas grand-chose à te dire ce serait trop vite épuisé et puis je crains aussi que tu ne puisses pas me lire.

Nous avons depuis plusieurs jours un temps splendide et une chaleur étouffante seulement aujourd’hui le ciel est gris et semble vouloir se gâter de nouveau ce serait bien ennuyeux.

Figure-toi que les Brongniart[6] avaient arrêté un appartement rue Guy la Brosse mais il est tellement petit qu’ils s’aperçoivent que leurs meubles n’y tiendront jamais de sorte qu’ils sont désolés et ne savent pas ce qu’ils vont faire c’est vraiment bien triste pour eux de quitter cette belle maison.

Oncle passe une grande partie de son temps dans la ménagerie ce qui lui fait beaucoup de bien, il y a en ce moment un petit chameau nouveau-né et un chimpanzé qui font les délices d’Emilie[7] moi je ne les ai pas encore vus.

C’est vraiment bien ennuyeux ce grand intervalle de temps entre les deux examens. Marthe[8] et moi nous aurions beaucoup désiré passer tout de suite afin d’en être débarrassées pour nos vacances de Pâques. Du reste en ce moment je travaille très peu, par contre Mlle Bosvy[9] veut bien me donner une leçon supplémentaire afin de me faire réciter le plus possible car. C’est de cela dont j’ai le plus besoin car j’ai de grandes dispositions à brouiller les choses Que je sais.

Jeanne Brongniart est ici aussi on rit tant que je ne sais plus ce que je t’écris, j’espère que tu voudras bien me pardonner mon petit père chéri car je t’assure que c’est très difficile de rassembler ses idées et comme moi je n’en ai pas beaucoup cela m’est encore bien plus difficile.

Mon petit père comment vas-tu ? Ce vilain rhume t’a-t-il enfin laissé, moi je reprends bonne mine et ne tousse presque plus. Adieu mon bon papa mignon que j’aime je t’embrasse de toutes mes forces,

Ta fille bébé
M.M.


Notes

  1. Suit une page ½ en allemand, avec des fautes. Traduction de Susanne Faraut.
  2. Hortense Duval.
  3. Alphonse Milne-Edwards.
  4. Félicie Berchère, épouse de Charles Cordier.
  5. Amélie Cordier.
  6. Après de décès d’Adolphe Brongniart sa famille doit quitter le logement du Jardin des plantes.
  7. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  8. Marthe Tourasse.
  9. Marguerite Geneviève Bosvy, professeur d’arithmétique et de français.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 9 avril 1876. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris), partiellement en allemand, à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_9_avril_1876&oldid=42451 (accédée le 15 novembre 2024).

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