Lundi 31 octobre 1870 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents) à sa mère Eugénie Desnoyers (épouse de Charles Mertzdorff) (Vieux-Thann), avec quelques mots d’Emilie Mertzdorff
<Lundi> Morschwiller 70 3heures
Chère maman,
nous voilà installées dans le cabinet. Après ton départ nous n'avons pas dû moins renfoncer notre peine et avons été a couru dans la salle à manger mais à peine y étions-nous que nous nous sommes souvenues que tu allais par Aspach aussi avons-nous couru dans le jardin mais il faisait si vilain que bon-papa[1] m'a dit de remonter à cause de ma george. Alors nous nous sommes mises à coudre jusqu'à trois heures mais voilà qu'il n'était tout à fait encore 3h que bonne-maman[2] vient nous forcer à goûter. Nous voici maintenant au travail.
Emilie nous a fait la lecture.
Ma chère maman Mimi[3] pleure mais moi je suis tout à fait consolée.
J'ai déjà fait mon thème <je n’ai> pas compris <dans> quoi il faut faire mon analyse, je crois que c'est dans madame Charrier[4] aujourd'hui.
Mère je reprends la plume que j'ai été obligée de te quitter car j'avais trop de chagrin en pensant à toi et que tu ne serais plus auprès de nous cette nuit que tu ne serais pas avec nous pendant la prière. je ne pourrai jamais jamais m'en consoler.
Tu as eu bien mauvais temps pour t'en aller et beaucoup de pluie pauvre chère mère. es-tu déjà arrivée ? Décidément c'est trop triste d'être ainsi séparée de toi. N Je ne te laisserai plus jamais t'en aller sans que tu m'emmènes c'est trop ennuyeux je suis interrompue à chaque instant pour me moucher et mon papier est tout sale quant à l'écriture je ne vois plus clair.
Mais bonne maman je me laisse aller à te raconter toutes mes tristesses et je ne m'occupe pas de ce bon père[5]. dis-lui qu'il doit te renvoyer. mais me voilà encore sur ce sujet me je te laisse mais je t'assure il m'en coûte et je regrette de ne pouvoir t'écrire toute la journée.
bonne je ne fais pas d'autres devoirs écrits à cause de mon chagrin et des histoires. Comme je te raconte tout j'entendais tout bas Cécile[6] et bonne-maman qui parlaient de tante[7] et de toi ma et je t'assure que Cécile soutient bien ta cause.
On veut m'arracher à ta lettre me voilà donc obligée de te quitter.
Adieu mère à demain
je t'aime et je fais comme Jean[8] je répète toujours je t'aime.
Je ne me réjouis que de dormir. Je tâcherais d'être plus raisonnable en ce moment-ci je serais capable de faire comme M. Gambetta[9]. Oh ! que devenez-vous là-bas ? Viens nous chercher.
Notes
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Félicité Duméril.
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ L’enseignante parisienne Caroline Boblet épouse d’Edouard Charrier.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Probablement Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel, ou bien Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur, a quitté Paris en ballon monté le 7 octobre.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 31 octobre 1870 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents) à sa mère Eugénie Desnoyers (épouse de Charles Mertzdorff) (Vieux-Thann), avec quelques mots d’Emilie Mertzdorff », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_31_octobre_1870_(A)&oldid=51600 (accédée le 18 décembre 2024).
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