Lundi 30 septembre 1918 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)

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Reçu le 8 Oktober 1918
Répondu le 11 Oktober1918

Mon cher Monsieur Meng

Je vous confirme Ma lettre de ce Matin et je reprends la plume pour revoir votre lettre du 17 septembre.

Réflexion faite, je préfère que vous n’écriviez pas à M. Gasquet. Vous n’en êtes pas à un Mois près. Nous pourrons causer de cela quand je vous verrai et je tâcherai de faire un effort pour que sans être lésé d’une Manière appréciable vous n’ayez pas à solliciter l’allocation de secours.

Dans la question Flory il y a deux choses :

1° une question générale à laquelle je réponds ceci. Au Moment où M. Jaeglé[1] a décidé la réduction des salaires, personne ne supposait que notre usine serait fermée pour de longues années. Ensuite les termes de la décision qu’il a prise ne constituent en rien, tels que vous me les rapportez, un engagement. Il est bien entendu [que ceux] qui ont travaillé pour nous pendant la guerre, auront le pas dans la mesure du possible dans notre souvenir et ne seront pas oubliés. Quant à prendre aujourd’hui un engagement quelconque, j’en suis incapable.

2° Cas spécial de Flory. d’après ce que je viens de dire, Flory ne peut en aucune façon invoquer des paroles de M. Jaeglé qui d’après le texte même que vous me donnez sont plus que vagues.

Pas plus pour lui que pour un autre je ne prononcerai aujourd’hui une parole quelconque en ce qui concerne l’avenir. J’ajoute même que je fais opposition formelle à ce que soit exécuté par vous un ordre de l’augmenter qui pourrait arriver par ailleurs, aucun ordre ne pouvant être donné à notre usine que venant de France.

Par contre, du Moment que je n’ai pas flanqué Flory à la porte au début de 1915 et que j’ai accepté qu’il continue son service il y a lieu de le traiter sur le même pied que d’autres, compte tenu de ce qu’il est, je crois, logé chez nous et que sa sœur touche encore une indemnité. Veuillez me faire une proposition dans ce sens, en me rappelant ce que touchent nos ouvriers.

Le salaire fixe restera à 90 F. Nous y ajouterons une indemnité journalière qui n’engagera en rien l’avenir.

Entre nous soit dit je n’ai jamais constaté que Flory ait fait faire un progrès quelconque à notre fabrication. En matière d’éloquence quand il s’agissait de nous faire chanter, je lui reconnais au contraire de très remarquables capacités.

Il est bien évident que c’est à Nous de supporter les risques de guerre concernant le personnel que nous occupons. Vous avez très bien fait de vous adresser à une société d’assurances. En tous cas si de ce côté il n’y a rien à faire, il faudra leur assurer en cas de blessures ou décès des pensions analogues à celles que donnerait l’Etat si c’est lui qui supportait le risque.

Je vous remercie aussi de la copie de la lettre de M. J.[2] Je vous dirai qu’à Mon avis cette lettre est inexistante : Nous avons dû faire une déclaration officielle des [ ] à notre égard et en l’absence de toute autre [preuve] comptable nous sommes dans l’obligation de produire nos créances dans leur intégralité celles-ci étant en réalité restées en allemagne.

Lorsque nous aurons à justifier en référé, M. Hochstetter pourra toutefois ajouter que nous certifions ces créances bien entendu sous réserve de ce que des clients auraient pu verser dans des Banques au séquestre que nous avons en Allemagne, supposition dont nous n’avons aucune preuve et dont nous ignorons totalement la réalité. Ce sera éventuellement à notre séquestre en Allemagne de régulariser la chose.

A la hâte,
Cordialement,

GP


Notes

  1. Georges Jaeglé.
  2. M. Jaeglé. ?

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 30 septembre 1918 (B). Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_30_septembre_1918_(B)&oldid=40537 (accédée le 28 mars 2024).

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