Lundi 2 juin 1862
Lettre de Félicité Duméril (Vieux-Thann) à sa jeune amie Eugénie Desnoyers (Paris)
Vieux Thann 2 Juin 1862
Ma bien chère Eugénie,
Bonne nouvelle ! notre chère Caroline[1] entre aujourd'hui en pleine convalescence il ne s'agit plus à présent que d'avoir de la patience pour les jours qu'elle aura encore à passer au lit. J'avais écrit Vendredi matin à ma sœur[2] pour lui dire que l'état de notre chère fille ne donnait pas d'inquiétude et que pas de lettre de Vieux Thann serait l'indication que tout marche bien. Hélas ! à peine ma lettre était-elle partie que Caroline fut prise des plus violentes douleurs de rhumatisme aigu, la nuit du Vendredi au Samedi fut affreuse, je vous le répète bonne Eugénie, ce que notre pauvre Caroline a souffert ne peut pas bien se rendre ; mais ce qui nous a extrêmement agités un moment c'est que d'après des auscultations faites avec le plus grand soin par M. Conraux il y a eu un peu de crainte de pleurésie. Applications répétées de sangsues et vésicatoire au dos ont amené fort heureusement le résultat qu'on en attendait c'est-à-dire la facilité de la respiration puis cessation des douleurs rhumatismales. Enfin à présent nous sommes tous dans un autre monde et votre bonne lettre reçue ce matin a fait grand plaisir à notre chère Caroline qui vous en remercie bien, elle vous embrasse de tout cœur ainsi qu'Aglaé[3] et votre excellente mère[4]. Puisse votre première lettre nous apprendre le rétablissement complet de votre bon père dont la sensibilité vient d'être mise à une rude épreuve par l'état de Mme Boulez[5] mais grâce à Dieu il y a, d'après ce que vous dites, une sorte de résurrection pour cette excellente amie qui vous est rendue. Oh ma bonne petite amie comme votre cœur sait comprendre toutes choses par la manière dont vous parlez de notre éloignement de Vieux Thann et de notre installation à Morschwiller.
Adieu bonne petite Nie que nous aimons tant ainsi que Gla et les chers parents. Bons serrements de main à ma tendre amie votre mère.
F. Duméril
Bien des remercîments pour le manteau que vous avez choisi. Je suis fort aise que vous n'ayez pas acheté de tournure.
Nos chères petites[6] sont toujours bien gentilles, mais la petite Emilie est un peu éprouvée dans ce moment par le travail des dents.
Notre pauvre Caroline a eu bien du tourment et de l'émotion dans ces derniers temps à cause de l'hypocrisie et de la façon d'agir de la cuisinière qu'elle a renvoyée.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 2 juin 1862. Lettre de Félicité Duméril (Vieux-Thann) à sa jeune amie Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_2_juin_1862&oldid=40354 (accédée le 18 décembre 2024).
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