Lundi 2 décembre 1918
Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)
Répondu le : 9 Dezember 1918
2 décembre
Mon cher Monsieur Meng,
Comme la semaine précédente, je n’ai reçu cette semaine aucun courrier. Il a fallu que j’arrive à Paris pour y trouver ma correspondance, dont heureusement on ne m’avait fait suivre que des copies lesquelles ont dû s’égarer. Continuez donc à m’envoyer tout à Paris ; d’ici quelques jours je pourrai je pense vous donner une adresse plus sûre, probablement à Nancy. Si Madame de Place[1] ne peut pas venir en Alsace avant le 10, elle vous enverra son permis quelques jours avant, pour prolongation.
Perte des salaires de nos ouvriers et employés :
Un employé gagnait 3 000 F. Nous lui avons versé comme traitement ou comme indemnité pendant la guerre 2 000 F. Perte de salaire 1 000 F.
Il faut dès à présent, c'est-à-dire à partir du 1er décembre tenir un compte spécial de « reconstruction ». En réalité ce compte sera très important puisque nous y porterons toutes les « réparations de dommages de guerre ». Il y aurait même lieu de l’intituler ainsi. [[Il]|devra comporter un véritable grand livre de détails, car [il]] sera divisé en autant de chapitres que nous avons de services divers à remettre en état. Il y aura même lieu d’y reporter les frais de même genre des années passées. Le solde de ce compte s’ajoutera sur la Balance, sous la rubrique après « Entretien réparations ».
Je suis tout à fait de votre avis qu’il faudrait tâcher de trouver une auto d’occasion. Si vous en trouvez une faites-moi une proposition. De mon côté je vais m’en occuper dans la mesure du possible ; mais les voitures d’occasion militaires sont en général absolument hors de service. D’autre part avons-nous quelqu’un qui soit capable de faire un chauffeur. Ce serait à rechercher tout de suite. Je vais demander au Ministère de l’armement s’il ne dispose pas d’autos neuves. Je demanderai également s’ils ont à vendre du matériel demandé par ZWingelstein, mais comme je ne serai pas là pour le voir il serait préférable de s’adresser d’abord soit à Mulhouse, pour trouver quelque chose dans un ancien parc allemand, soit à M. Ducros qui nous a assez exploités pour nous rendre service.
Je suis très heureux de voir la façon dont marchent les travaux de réparation. Mais bien entendu, se couvrir absolument pour le remboursement futur. Demander les constatations nécessaires.
Quant aux devis Hornstein, les seules observations que j’ai à présenter sont les suivantes :
Ne figurent pas les devis pour réparations de certaines habitations telles que la mienne. Je pense que les dispositions ont été prises sur la base des autres devis.
Il ne m’est pas possible de discuter d’ici les prix indiqués. Quels qu’ils soient nous pouvons les accepter, sous la réserve, entendue avec M. Hornstein qu’ils sont tels que l’administration ne pourra les contester ou les trouver trop élevés lors du remboursement des dommages de guerre.
J’accepte la réserve de M. Hornstein concernant le taux des salaires ; mais il n’est pas admissible que les heures soient comptées depuis le départ du chantier Hornstein. Il n’est pas admissible que les ouvriers restent 2 heures en route, au cabaret ou même étant partis du chantier, n’arrivent pas à Vieux-Thann il faille les payer. Prévoir donc un temps maximum par exemple ¾ d’heure de chez Hornstein à Vieux-Thann.
Pour les verres, partout où le verre double ou demi-double peut suffire, inutile de mettre une qualité supérieure à ce qui est nécessaire. La toile huilée conviendra pour des surfaces verticales, mais non pour les surfaces horizontales ou très inclinées. Elle ne peut convenir qu’à titre de protection là où nous avons besoin de lumière ne déformant pas les couleurs. Voir dans chaque cas particulier ce qu’il y a de plus avantageux en tenant compte de ce fait qu’il peut y avoir intérêt à faire immédiatement du définitif là où du provisoire coûterait trop cher.
En raison du prix du verre cathédrale, n’en mettre que là où c’est vraiment nécessaire ; là où nous en avions uniquement pour empêcher de voir à travers les fenêtres, mettre du verre ordinaire quitte à y mettre plus tard une couche de peinture.
Entendu pour le nommé Muller ancien chaudronnier, s’entendre avec lui avant de refaire les cheminées [déposée] du Blanchiment, s’entendre avec M. Gilliéron au cas où il aurait des modifications à demander.
M. ZWingelstein est autorisé à acheter les appareils dont il a besoin.
Activer le relevé des dégâts, réclamer sans cesse le tour et la Turbine.
Pour les salaires, s’entendre avec Scheurer (M. Zundel) pour ne pas être exploité.
A la hâte, cordialement à tous.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 2 décembre 1918. Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_2_d%C3%A9cembre_1918&oldid=61309 (accédée le 21 novembre 2024).
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