Lundi 29 décembre 1873

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller)

original de la lettre 1873-12-29 pages 1-3.jpg original de la lettre 1873-12-29 pages 2-4.jpg


Paris 29 Décembre 1873.[1]

Ma chère bonne-maman,

Ne crois pas que je t'oublie, oh non ce n'est pas cela, je parle tant de toi et j'ai tant le désir de t'écrire, mais tu sais, le temps passe vite et puis tu connais ta petite-fille qui est encore bien bébé et à qui cela ne plaît pas toujours d'écrire. Cependant je viens aujourd'hui te souhaiter une bonne année et surtout ce que je te souhaite le plus, c'est que tu conserves une bonne santé afin que tu viennes un petit peu nous voir avant même le mois de Juin ce sera si long d'attendre jusque là, pense donc que ce ne sera que dans 158 jours. Cette semaine nous avons eu très peu à faire en faveur du jour de Noël aussi tu vois que j'en profite pour venir un tout petit peu causer avec ma bonne-maman chérie que j'aime énormément et lui faire une quantité de petites caresses.

Il faut que je te raconte un peu ce que nous faisons ; mais ne t'effraie pas notre vie n'est pas bien mondaine et surtout pas irrégulière. Mais avant tout il faut que je m'acquitte d'une chose que j'allais oublier, je te remercie énormément petite bonne-maman chérie des petites manches de tricot ; qu'elles sont bonnes et chaudes, dès que j'aurai mal au bras je vais les mettre elles doivent être bien agréables et les petits carnets comme ils sont gentils et mignons, on voit bien que c'était toi qui avais fait ce petit paquet parce qu'il était si bien fait et qu'il renfermait de si jolies petites choses et si commodes surtout.

Nous nous promenons tous les jours pendant au moins une heure et demie et bien souvent deux, cela doit te faire bien plaisir car je vois que tu aimes à ce que nous promenions. Je me lève à sept heures puis je déjeune un tout petit peu et je me mets à travailler à sept heures et demie.

Ah bonne-maman que je suis donc sotte voilà que j'ai passé une page enfin tu verras j'ai mis des numéros et j'espère que tu comprendras.

En ce moment-ci Marie[2] prend sa leçon avec Mademoiselle Bosvy quant à moi je l'ai déjà prise. Ce matin j'ai eu le catéchisme on a donné des récompenses à cause de Noël et j'ai eu un des douze premiers mérites ensuite venait le second mérite et l’autre enfin le troisième. J Plusieurs ont récité des billets et un ancien vicaire de St Médard M. Rossignol qui est maintenant curé de Plaisance nous en a donné l'explication c'est lui, qui autrefois faisait le catéchisme de première communion. Jeanne Brongniart a aussi lu quelque chose à haute voix ce qui l'intimidait beaucoup, mais elle s'en est très bien tirée. La dernière fois j'ai eu le cachet d'or mais j'espère bien que ce ne sera pas la première et la dernière fois que je l'ai.

Ce n'est plus le Mardi que viennent nos amies parce que nous avons pas trouvé que le Mardi on avait beaucoup à faire, ce jour étant le dernier avant le cours[3] ; alors nous avons mis nos réunions le Jeudi ce qui est plus commode. Sais-tu que Paule Arnould notre chère petite amie est revenue la semaine dernière ce qui nous a fait beaucoup de plaisir, nous l'aimons tant. Elle est ici pour un motif bien triste son grand'père monsieur Baltard[4] est très malade alors sa mère[5] est venue auprès de lui et au commencement elle avait laissé ses deux grandes filles[6] avec Paule et les trois petits garçons[7] à Reims mais elle les a faits venir. Elles sont donc venues toutes les deux toutes seules car monsieur Arnould était aussi à Paris amenant tout le petit troupeau.

Adieu petite bonne-maman chérie je t'embrasse bien fort et te souhaite une bonne année et te charge d'embrasser de ma part bon-papa[8] et oncle Léon[9].

Ta petite fille qui t'aime beaucoup.

Emilie Mertzdorff


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
  3. Le cours des dames Boblet-Charrier que fréquentent les demoiselles Mertzdorff.
  4. Victor Baltard.
  5. Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
  6. Lucy et Mathilde Arnould.
  7. Probablement Edmond (le fils), Louis et Marcel Arnould.
  8. Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 29 décembre 1873. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_29_d%C3%A9cembre_1873&oldid=42489 (accédée le 3 octobre 2024).

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