Lundi 24 mai 1915

De Une correspondance familiale


Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering)


original de la lettre 1915-05-24 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-05-24 pages 2-3.jpg


Reçu le 26 Mai 1915
Répondu 22 Juin 1915

Besançon[1]
le 24 Mai

Mon cher Monsieur Meng,

Mura vous aura dit qu’il m’a trouvé à Paris ; mon temps était trop court et trop pris pour qu’il me soit possible de remettre à Mura ces quelques lignes. Je l’ai chargé de vous répondre verbalement en attendant mieux.

Tout d’abord je suis entièrement d’accord avec vous pour la question des bons : suivez donc la ligne de conduite que vous m’indiquez. J’espère que vous allez bientôt recevoir avis que les pièces sont arrivées à destination. Il faudra que les employés qui iront recrutent du personnel pour la manutention ou plutôt manipulation. M. Meyer, si c’est à Lyon pourra les aider.

J’ai vu à Paris MM. Mieg et Kullmann[2]. Ces Messieurs auraient voulu avoir un état des pièces brûlées. J’ai dû leur répondre évasivement, car je n’ai pas voulu dire qu’une partie des livres était brûlés. Mais ils désireraient savoir au moins ce qui a été enlevé par les camions. Il faut donc qu’à Lyon (ou ailleurs) on en fasse de suite un relevé détaillé, et qu’on tienne de suite ces pièces à part pour qu’ils puissent éventuellement les faire enlever. D’ailleurs il faudra là-Bas refaire les Balles par client et les marquer de même. Nos employés devront emporter de l’argent pour acheter éventuellement ce qu’il faut.

Pour la houille, on ne peut refuser aux Martinot[3] ; la défense nationale avant tout. Nous Seulement vous la ferez payer le plus cher possible. J’ai dit à Mura de se renseigner à Bussang sur le prix actuel, car il ne faut pas que les Martinot fassent une affaire sur notre dos. Quant aux quantités, il faut que nous gardions 100 wagons pour la reprise du travail. D’ici que le stock soit réduit à cela, vous vendrez la houille aux Martinot, aux Scheurer[4] etc. au fur et à mesure qu’ils en demanderont. Mais si les Martinot prennent avant les Scheurer vous préviendrez ces derniers que l’administration militaire nous a priés de donner notre houille aux Martinot et que eux Scheurer ne doivent plus y compter.

M. Froissart[5] a été très frappé de voir combien vous étiez mal secondé pour la comptabilité. Cette situation ne peut pas durer. Il faut que nos écritures, comptabilité ou autres, soient mises en ordre. S’il le faut louez à Wesserling[6] ou Feldbach un petit local, voyez de quels employés vous avez besoin, Siegel ou autres ; vous leur direz de ma part que j’exige qu’ils viennent se mettre à votre disposition. Bien entendu vous les paierez comme vous payez les employés qui travaillent. Mais s’ils refusent de se mettre à votre disposition sous prétexte par exemple qu’ils préfèrent habiter Morchswiller et que c’est trop loin vous leur supprimerez entièrement leurs traitements sans aucune indemnité. Il ne faut pas qu’on se fiche de nous, ce n’est pas le moment.

Quant à Flory, il abuse de la permission d’être maboul. Il faut que ZWingelstein lui dise que je le somme de me rendre la montre et les 2 bracelets qui manquent, il n’y a aucun doute qu’il les a et au besoin on fera faire une perquisition. Veuillez montrer cette lettre à ZWingelstein et recevez ainsi que Mme Meng[7] et lui mes meilleures salutations

GP


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Probablement Léon Mieg (1862-1917) et Paul Kullmann (1850-1929), cotonniers.
  3. Les établissements de Paul Martinot et Aimé Galland.
  4. En particulier Jules Scheurer.
  5. Damas Froissart.
  6. Husseren-Wesserling.
  7. Marie Gayot, épouse de Jacques Meng.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 24 mai 1915. Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_24_mai_1915&oldid=60659 (accédée le 10 décembre 2024).

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