Lundi 24 mai 1880 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Fs1880-05-24B pages2-3-Emilie-ajouts.jpg


Mon père chéri,

Je voulais t’écrire longuement aujourd’hui, mais je me vois forcée de te griffonner seulement deux mots. Nous revenons de chez Marie[1] où nous avons passé 2h ½ à l’aider à ranger ses affaires d’hiver et maintenant M. Edwards[2] désire que je lui fasse la lecture en sorte que j’ai fort peu de temps à consacrer à mon papa chéri, mais ce petit mot suffira à lui dire que je l’aime beaucoup.

M. Edwards va mieux, il va même bien, seulement ses yeux sont encore tout malade et la sorte de muguet qu’il avait dans la bouche n’est pas tout à fait disparue mais il n’a pas mauvaise mine et recommence à prendre ses repas à table.

Jean[3] va mieux aussi, il a eu de la fièvre et des maux de tête pendant 2 jours, le tout accompagné de dérangement, on a craint un instant de voir dans cette indisposition un commencement de fièvre muqueuse[4], mais heureusement il n’en est rien, et M. Dewulf[5] considère la chose comme finie.

Pour terminer le chapitre santé, je te dirai que tante[6] est toujours fatiguée, qu’oncle[7] va bien, que Marcel et Marie[8] se portent à merveille et jouissent chaque jour davantage de leur maison[9], et s’il faut te parler de moi je te dirai que je vais toujours comme vont les mauvaises herbes, hormis une dent de sagesse qui me donne un ennui inconnu aux mauvaises herbes. Mais ce n’est pas acheter trop cher la sagesse.

Bon-papa et bonne-maman Desnoyers[10] sont encore à Montmorency, je ne sais pas quand ils comptent revenir. Je suis bien contente que tante Marie[11] aille mieux, j’espère que vous n’avez plus d’inquiétude à son sujet.

Adieu père chéri je te quitte, non sans t’embrasser bien tendrement, pour aller remplir mon rôle de lectrice.

Émilie

Quand donc viendras-tu ?


Notes

  1. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et sœur d’Émilie.
  2. Henri Milne-Edwards.
  3. Jean Dumas.
  4. Forme légère de la fièvre typhoïde.
  5. Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
  6. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  7. Alphonse Milne-Edwards.
  8. Marcel de Fréville et son épouse Marie Mertzdorff.
  9. Un pavillon rue Cassette.
  10. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  11. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Lundi 24 mai 1880 (B). Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_24_mai_1880_(B)&oldid=40427 (accédée le 29 mars 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.