Mardi 25 mai 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris, rue Cassette) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-05-25 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-05-25 pages 2-3.jpg


Paris 25 Mai 80

Mon cher Papa,

C’est de mon petit salon que je t’écris, et je voudrais que tu y sois avec moi pour voir combien il est gentil ; je ne me lasse pas d’admirer ma petite maison et de jouir de ma jolie installation, je suis vraiment trop gâtée, je crois qu’il est impossible d’être plus heureuse que moi aussi je t’assure que je sens bien mon bonheur.

J’ai reçu ce matin une lettre de bonne-maman[1] qui m’a fait bien grand plaisir et je te prie de l’en remercier pour moi ; je suis contente que tante Marie[2] aille mieux et j’espère qu’elle va bientôt être tout à fait remise ; et maintenant qu’oncle Léon n’est plus préoccupé et qu’il peut par conséquent retourner à la fabrique, que M. Jaeglé[3] est revenu, est-ce que tu ne vas pas songer, mon cher Papa, à venir voir un peu tous tes enfants et admirer le joli petit nid que tu les a tant aidés à construire ? J’espère que l’une de tes prochaines lettres va nous fixer le jour de ton arrivée ; toutefois si tôt que ce soit je crois que nous recevrons encore nos meubles avant que tu n’arrives, nous avons reçu Dimanche matin un avis nous disant qu’ils étaient en gare, et Marcel[4] a récrit de suite pour qu’on nous les envoie, mon bon petit Père, encore une gâterie de toi ! tu es vraiment trop généreux !

Hier j’ai eu une longue visite de tante[5] et d’Émilie[6] qui sont venues m’aider à ranger les affaires d’hiver, c’était la 1ère fois qu’elles venaient réellement chez moi et je t’assure que cette visite m’a fait bien plaisir. Après leur départ j’ai été dans le quartier acheter différentes petites choses qui me manquaient. Aujourd’hui il fait une chaleur étouffante je vais cependant sortir un peu pour m’entendre avec un frotteur[7] et aller voir ma belle-mère[8]. Marcel est à son travail comme tous les jours dans l’après-midi. Tous les soirs nous, ou plutôt Marcel arrose notre petit jardin et nous y restons  jusqu’à la nuit ; c’est vraiment bien agréable !

Adieu mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur et à bientôt j’espère.
ta fille qui t’aime beaucoup, beaucoup,
Marie


Notes

  1. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  2. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, qui vient de faire une fausse-couche.
  3. Frédéric Eugène Jaeglé.
  4. Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
  5. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  6. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  7. Un frotteur de parquet.
  8. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 25 mai 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris, rue Cassette) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_25_mai_1880&oldid=40894 (accédée le 15 novembre 2024).

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