Lundi 17 et mardi 18 juillet 1871
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency puis Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Lundi soir
10h
Mon cher Ami,
Je suis bien heureuse de voir avec quel courage et calme tu supportes les contrariétés de tout genre, et nous n'avons qu'à prendre exemple sur toi. Aujourd'hui m'est arrivé ta bonne lettre de Vendredi soir, tu avais constaté à Morschwiller les dégâts comme bien plus considérable que tu ne croyais et allais tâcher d'y apporter remède.
Ici les santés sont bonnes ; comme on n'est pas habitué à la chaleur chacun se plaint et soupire, ce qui n'empêche pas chacun de travailler. Aglaé[2] n'est repartie que ce soir, elle a fait les confitures de maman[3], nous avons cueilli le fruit et Marie et Émilie[4] ont été les 2 grands aides marmitons à leur grande joie. Nous avons reconduit après dîner M. et Mme Lafisse[5], la première était venue passer la journée avec nous. Maintenant les fillettes dorment, elles étaient un peu fatiguées. Demain je dois les emmener à 7h½ à Paris.
Tu me parles de vacances pour toi, tu les auras bien gagnées. Mais ce qu'il te faut, c'est une saison de bain, et à mon retour je voudrais te voir prendre tes bains de Wattwiller, avec un peu de repos.
Marie rêve à ses bains froids dans le filtre.
Recommande à Thérèse[6] de te laver tes gilets de flanelle et de te les remettre dans ton cabinet de toilette car je crains que tu en manques.
Ta course près de Monseigneur l'évêque[7] sera peu amusante, c'est du dévouement, mais toi et M. Kohl par vos opinions, êtes dans de meilleures conditions pour être écoutés. Que tout cela est peinant.
Bonsoir, mon bon chéri, je t'embrasse de toute la force de mon cœur. Demain je fermerai cette lettre chez Aglaé.
EM
Tu n'as plus rien redit au sujet des cartes du dépôt de la guerre ?
Du bureau de tante Aglaé[8]
Mon cher Ami, nous avons fait bon voyage ; mes fillettes se sont réveillées avec un peu de peine et la chaleur les fait bien un peu soupirer, mais nous avons fait toutes nos courses de 8h½ à 1h sans être bien à plaindre car j'avais une voiture.
Le dentiste[9] a constaté ce que je pensais bien dans la bouche de Marie et d’Émilie, il a mis un petit pansement que je renouvellerai jusqu'à Samedi car M. Pillette ne veut pas de nous avant quoique je l'eusse préféré ; ce qu'il recommande surtout c'est qu'on brosse les dents. J'ai bien de la peine à l'obtenir.
Je devais rentrer à Montmorency pour dîner, mais Aglaé a dit à papa[10] qu'elle me garderait et que je ne rentrerai que ce soir. Je souhaite qu'il n'y ait pas d'orage.
Voilà Alfred[11] qui part pour faire lever les scellés chez M. Bayot.
Adieu, mon bon chéri, Écris-moi, dis-moi ce que tu penses et que tu nous aimes toujours comme nous t'aimons
Ta Nie
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Les petites Marie et Émilie Mertzdorff.
- ↑ Claude Louis Lafisse et son épouse Constance Prévost.
- ↑ Thérèse Neeff, domestique chez les Mertzdorff.
- ↑ André Raess, évêque de Strasbourg.
- ↑ A Paris.
- ↑ Ernest Pillette.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Alfred Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Annexe
Monsieur Charles Mertzdorff
Haut-Rhin
Pour citer cette page
« Lundi 17 et mardi 18 juillet 1871. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency puis Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_17_et_mardi_18_juillet_1871&oldid=61672 (accédée le 3 décembre 2024).
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