Lundi 16 mars 1914

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Michel Froissart (Paris)


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 BRUNEHAUTPRE
CAMPAGNE-LES-HESDIN
BRIMEUX
PAS-DE-CALAIS

16 Mars[1]

Mon cher Michel,

Ton papa[2] me charge de t'envoyer ce chèque de [500] F et je m'acquitte bien volontiers de cette agréable commission.

Il paraît que Louis[3] est souffrant ? cela ne devrait plus être permis, car l'appendice ne repousse pas ! Faut-il parler de surmenage, ou de mauvaise digestion, ou de manque d'exercice et d'air ou encore de quelque vieille habitude de son estomac qui passera à la longue ? Il serait sans doute prudent de ne pas manger de viande le soir, dis-le à Zoé[4].

Je pense qu'il t’a montré ce matin ma lettre et que cela t'intéressera d'apprendre que l'affaire Titelouze de G[5] s'arrange sans effusion de sang, c'est en articles plus ou moins virulents que s'écoulera sa colère. Ce n'est pas sans peine qu'on est arrivé à la lui persuader de s'abstenir du duel, des catholiques convaincus ne pouvant le suivre dans cette voie. Lorsque, hier soir, M.M. [Combéi] et Martin sont allés à Hesdin après réflexion, lui expliquer que, ni l'un ni l'autre ne pouvait lui servir de témoin, il lui a répondu : c'est certainement la patronne qui, avec ses idées religieuses vous a persuadé cela, or, vous savez, moi je suis clérical et calotin, mais pas catholique : c'est à dire que je ne vais ni à la messe ni au confessionnal, mais je défends les prêtres et la religion.

J. et Élise[6] sont partis à [ ] par Saint André avec l'intention d'en revenir Dimanche.

Et voilà Pierre[7] jugé apte à reprendre son service ! j'espérais bien un peu le voir revenir quoique, dans l'intérêt du galon de laine ce soit mieux ainsi.

Je t'embrasse tendrement ainsi que votre pauvre Papa.

Émilie

Notes

  1. Papier à en-tête.
  2. Damas Froissart.
  3. Louis Froissart.
  4. Zoé, employée chez les Froissart.
  5. Henri Titelouze de Gournay.
  6. Jacques Froissart et son épouse Élise Vandame.
  7. Pierre Froissart, conscrit.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Lundi 16 mars 1914. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Michel Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_16_mars_1914&oldid=56320 (accédée le 21 novembre 2024).

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