Lundi 15 mai 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Ma chère petite Gla[1],
Te voilà de retour à la capitale et pas fâchée, je suis sûre, de te retrouver chez toi[2]. Ainsi jouis-en bien afin d’être toute fraîche pour recommencer dans quelques mois vos aimables visites.
Mais aujourd’hui ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Je veux seulement t’embrasser bien fort pour certaine date du jour d’après-demain que j’aimais à fêter et à défaut de nos bouquets et de nos visites tu recevras une petite caisse chargée de te prouver que nous n’oublions pas le 17 Mai, ni les jours où, d’antique usage, on s’offre de petits présents.
Dans notre province le choix est très restreint aussi est-ce pour un objet de maison[3] que je me suis arrêtée, je souhaite que celui-ci ne chante pour vous que des jours de bonheur, et, pour en être plus sûre, c’est au laboratoire que je le destine, là il sera bien pour vous et personne n’aura le droit de le trouver trop bavard, ni de le condamner au silence si ce n’est vous ; mais comme vous avez paru trouver joli un de ses ancêtres au Vieux-Thann, c’est je suis tranquille sur son sort et j’espère que tu voudras bien l’accepter pour les 3 fêtes dont nous fêterons (après-demain en buvant à ta santé) celle qui sépare les deux jours de l’an.
Notre Mimi[4] tousse de nouveau, nous la sortons quand même ; même. Mais je finissais par me tourmenter en entendant cette petite toux continuelle et nous avons fait venir M. Conraux, qui vient de nous rassurer tout à fait, et dit que c’est une petite toux de gorge qui n’a rien d’inquiétant, et il nous a ordonné une petite poudre, puis je pense que nous lui ferons prendre des bains portant à la peau quand la saison sera venue. Par occasion Charles[5] a voulu que je montre ma gorge et le docteur a conseillé un peu d’eau bonne et de lait à boire le matin ; si ça ne fait pas de bien, ça ne fera pas de mal. Puis à Cécile[6] du vin de quinquina. Je réclame la recette de notre grand Maître en pharmacie[7].
Pour mes commissions, j’aimerais que tu joignisses à l’envoi 3 ombrelles de jardin toile grise et autre. Pour mes robes je te laisse tout à fait libre pour les garnitures, tu pourrais me laisser tout en gris ma petite robe nettoyée. Emilie[8] m’a envoyé 2 cravates rouges et 1 bleue que je pourrais mettre avec. Si mes chapeaux sont prêts, la 1ère communion est Dimanche et j’en mettrais bien un.
Merci pour les petits oiseaux puisque c’est un cadeau on les attend avec impatience[9]. Une boîte à insectes sera aussi très agréable aux chasseurs.
Adieu, ma chérie, embrasse bien maman[10], et garde pour toi encore quelque chose de plus tendre que jamais et tous nos souhaits de santé et de joie de la part de Charles et de la sœur affectionnée
Eugénie Mertzdorff
Notes
- ↑ Cette lettre non datée est à situer l’avant-veille du 17 mai.
- ↑ Aglaé Desnoyers revient d’un voyage à Bordeaux.
- ↑ Un coucou est offert à Aglaé pour sa fête.
- ↑ Marie (Mimi) Mertzdorff.
- ↑ Charles Mertzdorff, père de Marie.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Allusion aux titres d’Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ L’arrivée des oiseaux est signalée dans la lettre du 19 mai.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 15 mai 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_15_mai_1865&oldid=40278 (accédée le 21 novembre 2024).
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