L’édition scientifique d’une correspondance
Une interprétation
Toute édition de correspondance est interprétation. Elle donne à lire au lecteur contemporain des textes qui ont été détournés de leur finalité première. Tout en restant fidèle aux auteurs des lettres, elle cherche à rendre intelligible des énoncés et des pratiques d’un autre temps. Cette règle s’applique également à l’édition sur Internet. Nous avons donc veillé à ne pas émousser les principes méthodologiques de transcription, d’annotation et d’identification, tout en tirant parti des ressources de l’édition électronique. Contrairement à la fixation d’un texte sur papier ou CDRom, celle-ci est évolutive, elle autorise toutes les retouches, tous les compléments au fur et à mesure des recherches documentaires. Cette flexibilité n’en implique pas moins la définition de conventions.
Fidélité au texte
Le texte des lettres est saisi dans son intégralité. Pour la transcription, nous avons suivi la règle du mimétisme en respectant (autant que possible) la syntaxe, la ponctuation, l’usage ou non des majuscules, la disposition des paragraphes - mais non des lignes. Cependant, pour faciliter l’intelligibilité du texte et la recherche automatique de mots, l’orthographe et les noms propres ont été normalisés, les abréviations explicitées (elles sont transcrites en caractères « exposants ») et la ponctuation parfois rétablie. Les ratures apparaissent en mots barrés[1] et les mots illisibles ou de lecture douteuse entre < > ou [ ]. L'italique permet de distinguer dans la transcription les différents scripteurs lorsque les lettres ont des auteurs multiples. Les mentions épigraphiques ajoutées par la suite, par exemple lorsque les héritiers ont classé les lettres, sont également reproduites (elles apparaissent en général en italique).
L'appareil critique
Chaque texte de lettre est précédé d’un titre qui indique les signataires et destinataires, éventuellement leur lien de parenté, les lieux et dates. L’adresse quand elle est notée apparaît en « annexe ». On indique que le texte est établi d’après la lettre originale (ou sa photocopie) ou d’après les livres de copies du XIXe siècle. Lorsque par exception la lettre ne provient pas du fonds familial privé, la source est indiquée (par exemple quelques lettres publiées de la correspondance Bretonneau-Duméril). Auteurs, destinataires, personnes citées, lieux d’envoi et de réception de la lettre sont indexés (Voir "Personnes et lieux").
L’édition électronique génère sa propre méthode d’annotation. Dans le cas d’une correspondance aussi complexe, il s’agit moins de résoudre tous les points obscurs que de fournir des clés de lecture. Nous avons choisi d’alléger les notes dites de bas de page et de multiplier les liens à partir des personnes citées dans les lettres, qui font l’objet d’un index. Dès lors le travail critique a consisté à présenter autant de micro-biographies que possible ainsi que des monographies sur des institutions ou sur des événements, auxquelles les index donnent accès (voir les "Ressources"). Il est prévu enfin d’ajouter des documents non épistolaires tels que récits de voyages, testaments, comptes, etc. (Voir dans les "Documents" les "Papiers familiaux et documents divers").
Les fac-similés
L’édition électronique, comme toute transcription, ne restitue pas la matérialité des lettres. La saisie des textes lamine inévitablement la part sensible de l’objet et de l’écriture. Elle confisque les traits de plume, les ratures, les mouvements d’hésitation ou d’humeur, ainsi que toutes sortes d’informations apportées par la graphie, le papier, l’encre et la mise en page. En revanche l’édition électronique ouvre un espace théoriquement illimité pour recevoir des documents scannés. Les fac-similés de la plupart des lettres sont présentés en annexe du texte. L’image supplée à l’absence des objets et invite le lecteur à faire sa propre interprétation du texte.
L’édition électronique n’exclut pas une lecture du détail et de l’anecdote se rapportant à telle thématique de la vie matérielle, sociale ou affective (grâce en particulier à des moteurs de recherche sur les mots ou groupes de mots).
Notes
- ↑ Il peut arriver de la migration des données du site d'un système à un autre (Lodel7 à Lodel9 puis MédiaWiki) entraîne la perte de certains mots barrés ou entre crochets.
Pour citer cette page
« L’édition scientifique d’une correspondance », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=L%E2%80%99%C3%A9dition_scientifique_d%E2%80%99une_correspondance&oldid=55517 (accédée le 9 décembre 2024).
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