Jeudi 8 octobre 1874

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1874-10-08 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-10-08 pages 2-3.jpg


Morschwiller 8 Octobre 1874.

Bien chère Aglaé,

Hier Charles[1] est venu dîner avec nous et nous a apporté les chères lettres de Paris que j’ai lues et relues. Nous adressons toutes nos félicitations à M. & Mme Dumas[2] sur le succès obtenu par leur cher fils[3], nous y avons bien pensé, et je te prie de serrer pour moi bien affectueusement la main à cette bonne mère dont les excellents soins auprès de son fils n’ont pas peu contribué, j’en suis sûre, à aider le bon jeune homme dans la tâche qu’il avait entreprise et dont l’heureux résultat le récompense bien aujourd’hui du travail qu’il a su courageusement s’imposer. Que ma petite Marthe[4] est gentille de m’avoir écrit, sa jolie lettre m’a fait bien plaisir, je l’en remercie beaucoup et l’embrasse de tout cœur ainsi que sa sœur Jeanne[5] et le cher petit Jean[6] qu’il m’était si doux de voir jouer ici avec ma petite Emilie[7]. Les jours heureux passent vite, Dimanche dernier en rentrant de l’église je me disais que huit jours auparavant, je me sentais heureuse au milieu de mes trois filles et du petit Jean, je voyais en pensée les aimables physionomies, je me rappelais les douces paroles, les bons entretiens dans lesquels on se retrempe, mais tout cela a passé comme un songe, cependant je ne me plains pas, car grâce à Dieu je sais que tout le monde va bien, puis j’aime à me redire que tu m’as bien promis de te soigner et de ne pas te laisser entraîner par ton grand courage.

Dimanche dernier j’avais bien envie d’aller trouver Charles afin de le distraire un peu mais mon mari[8] et Léon[9] m’ont fait observer que probablement il serait bien aise d’être seul ce jour-là pour avancer diverses choses qu’il ne peut vraiment bien faire que le dimanche, et en effet je sais que ces messieurs ne se sont pas trompés, Charles nous ayant dit que tout son temps avait été rempli ; cependant Dimanche prochain il est convenu que nous irons le trouver, j’espère que Georges[10] ne tardera pas à arriver et que nous aurons par lui de bonnes nouvelles de toute la famille. Il me tarde de savoir mon frère[11] bien casé dans sa nouvelle maison, je voudrais que Madame Dumas le fût aussi dans l’appartement qu’elle vient de louer car un déménagement et emménagement sont une cause de fatigue et de soucis. Embrasse bien fort mes chères petites[12] sur les deux joues, combien je les aime ! et combien j’aime les jeunes et tendres parents[13] auprès de qui elles demeurent ! Adieu ma bonne Aglaé mon mari et Léon se joignent à moi pour te dire ainsi qu’à M. Alphonse les choses les plus affectueuses. Présente, je te prie, mes affectueux respects à Mme Trézel[14] et à M. Milne-Edwards[15]. De tendres amitiés à ton père et à ta mère[16]

Félicité Duméril

Voici les adresses demandées : Mme Cordier[17] 115 boulevard St Michel.

Mme Devers[18] 46 rue Hallé Montrouge.

Je n’ai pas de nouvelles de Besançon[19] depuis celles que j’ai reçues le jour où nous avions le bonheur de te posséder ici.


Notes

  1. Charles Mertzdorff.
  2. Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et son épouse Cécile Milne-Edwards.
  3. Noël Dumas, reçu à Saint-Cyr.
  4. Marthe Pavet de Courteille.
  5. Jeanne Pavet de Courteille.
  6. Jean Dumas, 9 ans.
  7. Emilie Mertzdorff, 13 ans.
  8. Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Léon Duméril.
  10. Georges Duméril, en voyage à Paris.
  11. Charles Auguste Duméril.
  12. Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
  13. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  14. Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
  15. Henri Milne-Edwards, père d’Alphonse.
  16. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  17. Félicie Berchère, épouse de Charles Cordier.
  18. Maria Berchère, épouse de Giuseppe Devers.
  19. Besançon où vit la famille Soleil.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 8 octobre 1874. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_8_octobre_1874&oldid=40172 (accédée le 15 novembre 2024).

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