Jeudi 4 décembre 1873
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Jeudi 4 Xbre 73.[1]
Ma chère Marie
J'ai bien reçu tes deux lettres & si je ne t'ai pas écrit hier, c'est que j'ai passé ma journée à Morschwiller & à Mulhouse. à Morschwiller j'ai trouvé bonne-maman[2] bien mieux, cependant elle était très occupée par une lessive & par une température glaciale, car tout est gelé & les montagnes sont de nouveau un peu couvertes de neige.
le baromètre n'a jamais cet été été aussi beau que depuis 4 jours, avec un bon vent d'Est, de sorte que la gelée persistera, le petit canal est gelé, aujourd'hui il fait moins froid, mais un brouillard fort désagréable.
Je reviens à Morschwiller, l'on ne m'attendait pas de sorte que je suis assez mal tombé dans la lessive gelée elle pendait gravement sur des cordes au jardin faisant peine à voir.
J'ai demandé <à> bonne-maman pourquoi l'on pendait ainsi la lessive, ainsi par 10° de froid en plein air. elle m'a dit que le soleil fait toujours du bien au linge, mais comment aura-t-elle fait pour le rentrer ; je n'en sais rien, car corde & linge ne feront qu'un & l'on déchirera plus que le soleil ne peut raccommoder par ses rayons bienfaiteurs.
l'une des grosses chaudières achetée à Haarlem est arrivée. C'était une grosse affaire que de faire transporter cette masse de 200 quintaux à Morschwiller ce sont 10 chevaux avec tous les domestiques de Morschwiller & deux d'ici, que nous y sommes arrivé & sans accident.
C'est une bonne besogne de faite & c'est pour être là à son arrivée & son déchargement que j'étais à Morschwiller. Ce sont les 2 premiers wagons arrivés & des 12 autres nous ne savons rien, pas plus que de M. Legay qui devait être rentré pour dimanche dernier.
Après le dîner j'étais avec Léon[3] à Mulhouse où j'ai vu la petite Marie Stoecklin qui continue ses leçons de dessin, mêmes jours mêmes heures qu'autrefois !
Pour rentrer nous avons eu un grand retard par suite d'un accident de chemin de fer arrivé dans la journée à Lutterbach. Sauf locomotive & quelques wagons personne d'atteint.
En rentrant j'ai voyagé avec M. Berger qui avait reçu lettre de ses filles[4] & connaissait déjà votre visite à Conflans. Louis Berger[5] est maintenant au Collège de Montbéliard où il se plait me dit-on, mais je ne sais pas pourquoi il a dû quitter brusquement la Suisse.
J'étais aujourd'hui un instant à la serre qui est bien entretenue mais comme vous pensez bien sans beaucoup de fleurs. les Jardins sont bien aussi, mais tous les légumes qu'on mange viennent de Joseph[6] du moulin.
Ma tante[7] m'a fait demander si j'allais, pour Noël, habiller quelques enfants[8] ; je lui ai fait répondre par Nanette[9] que non, que cela n'était plus possible. J'espère qu'elle & Mme André[10] vont nous remplacer.
Par contre il faut que je pense à envoyer du travail à l'école de Couture, c'est tout ce que je puis encore faire.
Il paraît que M. Tachard est de nouveau de retour à Morschwiller, il a la tête un peu dérangée dit-on, mais espérons que le repos & les bons soins le remettront. Ce serait un si grand malheur pour sa femme & ses petits enfants[11].
Dimanche prochain bonne-maman reviendra à Vieux-thann, c'est vous dire qu'il sera parlé de vous. Tu vois que le froid ne l'effraye pas.
Me voilà au bout des nouvelles & papier Je t'embrasse bien avec tante, Oncle[12], ta sœurette[13] chérie chérie & Jeannot[14].
tout à toi chère amie ton père Charles Mff
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Marie et Hélène Berger, filles de Louis Berger, en pension à Conflans.
- ↑ Louis Jules Berger, fils de Louis Berger.
- ↑ Joseph non identifié.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
- ↑ Probablement des enfants de l’orphelinat et/ou de l’école.
- ↑ Annette, cuisinière chez les Mertzdorff.
- ↑ Probablement Marie Barbe Bontemps veuve de Jacques André.
- ↑ Wilhelmine Grunelius, épouse d’Albert Tachard ; André, Marie, Adèle et Pierre Albert Tachard.
- ↑ Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Le petit Jean Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 4 décembre 1873. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_4_d%C3%A9cembre_1873&oldid=51664 (accédée le 21 novembre 2024).
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