Jeudi 4 août 1881 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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Villers 4 Août 81

Mon cher Papa,

C’est de Villers que je t’écris aujourd’hui ; nous voilà depuis Mardi soir au bord de la mer, admirant la belle vue et respirant le bon air ; on y est délicieusement et il paraît que pendant que nous souffrions tant des grandes chaleurs, vers le milieu de Juillet, on pouvait sortir ici comme d’habitude.

Combien je me réjouis de te voir ici, mon cher Papa ! Tu auras sans doute su par Émilie[1] que j’avais quitté Launay Lundi matin avec ma nounou[2] et Jeanne[3] ; Marcel[4] était parti la veille au soir afin d’avoir toute une journée à Paris pour faire ses affaires. Je suis arrivée à la maison[5] à midi 1/2 et j’ai passé le reste de la journée à faire et défaire des caisses, à courir dans les magasins acheter les choses indispensables && j’ai été aussi avec Marcel voir bon-papa et bonne-maman Desnoyers[6] que je n’ai pas trouvés mal, ils partiront sans doute aujourd’hui pour Launay. Mardi à 8h1/2 nous avons tous quitté la maison, car je crois t’avoir dit que nous emmenons aussi Louis et Maria[7] – notre voyage s’est très bien passé ; nous avons eu la chance de rester seuls tout le temps et nous n’avons pas regretté de n’avoir pas pris l’express qui nous aurait fait gagner 2 heures mais qui est toujours complet ; avec un enfant c’est plus agréable; Jeanne du reste a été d’une sagesse parfaite. Nous avons trouvé ici ma belle-mère[8], Louise[9] et ses enfants qui nous attendaient, inutile de te dire si nous avons été bien reçus. Nous voilà maintenant bien installés dans une très gentille maison. Nous avons au rez-de-chaussée la salle à manger, un assez grand salon et la cuisine ; au-dessus la chambre de ma belle-mère, la nôtre (toutes deux très grandes) puis la chambre de Jeanne tout contre la nôtre. Au-dessus les chambres des domestiques. La maison a très bonne apparence, chaque chambre a son petit balcon et du bas partent des rosiers grimpants qui sont couverts de fleurs. Le jardin a d’assez grands arbres qui donnent de l’ombre, une petite porte le fait communiquer avec celui de Louise de sorte que les enfants jouent de tous les côtés ; Jeanne est enchantée de voir ses cousins ; hier nous l’avons emmenée assez longtemps sur la plage et peut-être le grand air l’a-t-il un peu excitée ; je la trouve grognon ce matin ce qui ne lui arrive pas souvent aussi venons-nous de décider qu’elle resterait aujourd’hui dans un grand champ ou pré qui se trouve derrière la maison où elle sera très bien. Du reste elle se porte à merveille, son petit corps tout dodu fait plaisir à voir et sa petite intelligence commence aussi à se développer.

Adieu, mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur en attendant la bonne nouvelle de ton arrivée ; mais tu voudras cer iras certainement avant à Launay ? J’ai reçu hier une bien gentille lettre d’Émilie m’envoyant une lettre de toi dont je te remercie aussi puisque j’en ai profité.

Encore un bon baiser de ta fille

Marie


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Probablement prénommée Marie.
  3. Jeanne de Fréville.
  4. Marcel de Fréville.
  5. Le pavillon de la rue Cassette à Paris.
  6. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  7. Louis et Maria, domestiques.
  8. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
  9. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, et mère de Louis, Étienne, Maurice et René Barbier de la Serre.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Jeudi 4 août 1881 (A). Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_4_ao%C3%BBt_1881_(A)&oldid=40102 (accédée le 27 avril 2024).

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