Jeudi 25 mai 1916
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
29, RUE DE SÈVRES, VIE[1]
25 Mai
Mon cher petit,
Voilà donc finies tes bonnes petites visites et c’est sous le harnais qu’on te retrouve là-bas. J’espère que tu l’as repris sans trop de fatigue et sans trop d’ennui. Je suis sûre que l’on t’aura fait bon accueil et que ton retour aura dû être un peu arrosé ! Il l’aura été copieusement par la pluie si vous avez le même temps qu’ici. Hier nous avons eu un orage à grand orchestre et à grandes eaux. Cela fait du bien après ces journées trop chaudes.
Je me suis habillée aujourd’hui à 11h1/2 et recouchée à 2h. Mais habillée pour vrai et demain je sortirai de ma chambre. Mon appétit reste excellent et je le satisfais par des repas de plus en plus substantiels.
Ton papa[2] ne paraît pas s’amuser tout seul à Brunehautpré et m’écrivait Lundi qu’il se sentait terriblement détaché de tout ! Il espère avoir trouvé à Nempont[3] des ouvriers, un oncle avec deux ou 3 jeunes neveux. Il n’avait pas encore leur réponse définitive. Hier il a dû s’occuper de la location de la maison de Campagne. Il y a dans les pâtis de Vasseur un mat de TSF qui intercepte des messages Boches.
Il n’est que trop vrai que le boulanger[4], fils de la vieille Mme Level[5], a été tué par un Taube en descendant du train à Dunkerque, retour de permission. Il était avec un homme de Gouy qui a été fortement abîmé mais pas tué.
Je n’ai rien de Pierre[6] depuis le 18 et ignore tout de sa nouvelle résidence, rien non plus de Michel[7], mais tu m’en as donné de récentes nouvelles.
Je t’embrasse tendrement, cher petit et t’envoie les amitiés des frères et sœurs. Suzette[8] a un peu de fièvre depuis 2 jours, cela paraît venir des intestins, mais elle est si pâle, si maigre, si nerveuse, la pauvre petite. Les autres[9] vont bien.
Emy
Ton papa a reçu ta lettre de Lundi et t’en remercie.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 25 mai 1916. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_25_mai_1916&oldid=53736 (accédée le 16 octobre 2024).
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