Jeudi 25 avril 1918

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

original de la lettre 1918-04-25 pages 1-4.jpg original de la lettre 1918-04-25 pages 2-3.jpg


25 Avril 18

Mon cher Louis,

Ton petit mot au crayon du 22 m’est arrivé ce matin. Merci de ces fréquentes nouvelles dont la teneur nous fait désirer les suivantes le plus tôt possible ! Que le bon Dieu te protège, mon cher petit et qu’il te donne la vaillance et la force pour faire généreusement tout ce que l’on attend de toi.

Je t’écris de chez Cécile[1] où je loge depuis hier, Marthe[2] étant allée conduire les Degroote à Launay.

Voilà ton papa[3] qui m’invite à aller le rejoindre pour l’aider à loger 12 vieillards et 9 religieuses évacuées de Lillers. Un premier arrivage a été logé chez les sœurs. La grosse difficulté était d’obtenir pour moi une autorisation de séjour, on m’en a envoyé une télégraphiquement hier sous ce prétexte d’hospitalisation improvisée et je vois d’après les lettres qui ont suivi et qui sont bourrées de commissions que, tout en me laissant libre de ne pas en profiter du permis si je juge préférable de rester ici, ton papa compte bien sur moi.

Je crois donc que j’irai, faisant ainsi faux bond aux P Duméril[4] pour le mariage qui a lieu Mardi, où déjà ton papa manquera tandis que l’on avait compté sur lui comme témoin. J’irai demain à Versailles avec une bouche en cœur et une jolie pendule régulateur sous le bras et j’espère que l’on me pardonnera vu l’urgence de ma mission hospitalière, de manquer à la cérémonie et au déjeuner qui suivra ! Ce qui m’ennuierait bien plus encore, ce serait de manquer quelqu’un des chers permissionnaires[5] que je vais commencer à attendre. Aussi mon séjour là-bas sera-t-il de courte durée ! Nous avons la confirmation Mardi à Campagne, c’est encore une raison pour laquelle on me désire. Ecris donc à ton papa plutôt qu’à moi pendant la semaine prochaine. Jacques[6] nous a envoyé des cartes d’Abbeville où il « passait ».

Je t’ai envoyé hier le reste du chocolat Foucher[7] ancienne manière.

Je t’embrasse tendrement mon cher petit. Courage et confiance.

Emy

J’ai reçu une charmante lettre d’Antoinette et de son père[8] en réponse à celles que je leur avais écrites et auxquelles j’avais joint 2 photos…


Notes

  1. Cécile Dumas.
  2. Marthe Pavet de Courteille, veuve de Jean Dumas.
  3. Damas Froissart.
  4. Paul Duméril, dont le fils Paul François Marie Duméril épouse Gabrielle Bosson le 30 avril 1918.
  5. Ses 4 fils (Jacques, Michel, Pierre et Louis) sont mobilisés.
  6. Jacques Froissart, frère de Louis.
  7. Installée depuis 1819 au 126 rue du Bac à Paris, la Maison Foucher est devenue au cours du XIXe siècle une référence pour la société élégante.
  8. Antoinette Daum, fille de Antonin Daum.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 25 avril 1918. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_25_avril_1918&oldid=53689 (accédée le 21 novembre 2024).

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