Jeudi 20 juillet 1871 (B)
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Jeudi 1h
Ta petite Marie t'écrit une longue lettre aussi je ne veux y joindre que quelques lignes.
Lorsque Jean le domestique d'Alfred[2] est parti pour Montluçon je lui avais dit que s'il connaissait dans le pays un bon jardinier qui eut envie de quitter et qui fut surtout honnête, il prenne quelques renseignements et nous en avertisse. Ce matin Jean m'écrit : « qu'il s'est trouvé parler au jardinier du Couvent de Montluçon justement le jour où il en quittait, trouvant qu'il ne gagnait pas assez. Il est marié ; c'est un très bon ménage, il a 2 petits garçons, et peut fournir les meilleurs certificats. Ils demandent 1 600 F et loger et en plus ils demanderaient une chambre meublée pour ne pas avoir à transporter leurs meubles. Il m'a dit n'être pas très fort pour les serres, mais ils sont très recommandables. »
Dans la même enveloppe j'ai trouvé une lettre de la supérieure du Pensionnat certifiant les mêmes choses c'est à dire la probité, la moralité et le travail du jardinier qui est resté 4 ans chez elle et qui quitte ne trouvant pas qu'il gagne assez ; et même éloge de la femme qui a 2 petits garçons.
Ce sont de bons renseignements, mais c'est toujours ennuyeux de faire venir ainsi toute une famille et je crois que si nous pouvions trouver un Suisse ou Alsacien, cela vaudrait mieux. S'il s'agissait d'un garçon seul, je dirais que nous ferions peut-être bien d'essayer, mais 4 personnes à faire venir ainsi dans un pays où on parle une autre langue ça demande réflexion. Aussi je vais écrire à Jean que je ne puis pas lui donner de réponse jusqu'à ton arrivée, et que le jardinier étant marié avec des enfants je crains d'avoir des scrupules en l'engageant à quitter son pays, que ce qui nous aurait convenu c'eut été un vieux garçon comme celui dont il m'avait parlé, mais que je lui récrirai encore lorsque j'aurai reçu ta réponse.
Papa[3] passe la journée avec nous, il se trouve bien d'une journée de repos. Je D'après ta réponse au sujet de Launay, j'en ai parlé à papa et maman[4] qui trouvent que nous avons une bonne idée et que de cette façon Aglaé et Alphonse[5] pourront être à la campagne tout en faisant leur devoir auprès de leurs sœurs[6]. Et papa a ajouté « eh bien vois-tu ma petite femme, nous, nous irons en Alsace, il faut nous faire cette douce violence ». Et maman a dit : « oui. Tu sais bien que pour moi c'est un plaisir, mais les travaux && » Enfin ta venue gagnera le reste, je te remercie de nous laisser 8 jours de plus, quoique moi aussi j'aie grand désir de me retrouver auprès de mon Charles bien-aimé
Ta Nie
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
Notice bibliographique
D’après l’original
Annexe
Monsieur C Mertzdorff
Haut-Rhin
Pour citer cette page
« Jeudi 20 juillet 1871 (B). Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_20_juillet_1871_(B)&oldid=39942 (accédée le 21 novembre 2024).
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