Jeudi 20 juillet 1871 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Montmorency Jeudi 19 Juillet[1]
1871
Mon cher père,
Je viens toute confuse te remercier de tes deux bonnes lettres auxquelles je n'ai pas encore répondu. Ce n'est pas l'envie qui m'en manquait, et s'il ne s'était pas agi d'écrire mais de parler ce serait depuis longtemps fait, mais vois-tu, le corps est plus paresseux que l'esprit, et chaque jour il trouvait de nouveaux prétextes. Enfin ta dernière bonne et chère lettre a tellement ravivé mes remords que ce matin je m'assois devant ma table et je griffonne quelques mots à mon cher père que j'aime et qui me manque beaucoup, je me réjouis bien de t'embrasser. Je m'aperçois que j'ai commencé ma lettres à l'envers je t'en demande bien pardon. Hier matin nous avons été au marché en amateurs, maman[2] nous a donné à moi une petite casserole et un réchaud pour nos toutes petites poupées, à Émilie[3] une fontaine de la même grandeur. Maman a acheté douze torchons à dix sous, que dis-je à 0,50 c pour parler suivant les termes, je suis en train de les marquer, ce qui m'amuse bien. Tu sais que Mardi nous avons été à Paris chez le dentiste[4] où nous retournerons samedi. Nous avons passé l'après-midi chez tante[5] qui nous a fait voir ses bijoux, puis Mme Dumas[6] nous a donné les siens à < > et M. Dumas a aussi apporté < > tiroir, tu juges de notre bonheur < > de plus nous avons fouillé dans des gravures avec oncle[7] et l'on nous a prêté des livres. Nous avons dîné là, puis tout tranquillement (dans la journée chez tante nous avons eu la visite de tante < >[8]) (j'ai oublié de te dire que la chaleur était si grande que nous nous < > et avions mis des camisoles à trous) Ah cher bon père, que c'est donc fatiguant d'écrire ! mais je termine la journée à la capitale... nous sommes montées dans une parfaite voiture qui nous a ramenées au chemin de fer par le temps le plus délicieux ; nous montons en wagon et arrivons à Enghien et comme à cette heure il n'y a pas de train pour Montmorency, nous avons pris une voiture qui nous a emmenées jusqu'à la porte de la grande maison ; nos prussiens à qui nous avons déjà parlé ont dit : < [9]> Nous ne leur avons point répondu comme bien tu penses. Ah que j'ai sommeil. Je t'en pris papa ne montre cette horreur à personne qu'à toi autrement je n'oserais la faire partir. Je ne sais vraiment que te dire oh si, Je te prie de bien vouloir faire arranger la maisonnette des bains, car en rentrant cela me ferait bien plaisir de prendre des bains froids !
Emilie et moi nous sommes on ne peut plus intriguées de la surprise que tu annonces, nous faisons mille suppositions plus impossibles les unes que les autres, et comptons bien te questionner lorsque nous aurons le bonheur de te voir. Nous pensions que tu arriverais vers Dimanche prochain mais dans ta lettre tu me dis que ce ne sera que huit jours plus tard. On nous appelle pour déjeuner. bon appétit à toi à tout à l'heure.
1h de l'après-midi. Cher papa après avoir soigné les lapins je viens terminer une petite conversation nous allons aller nous promener à Enghien pour réclamer un panier de groseille qui a eu toutes les aventures imaginables je te le dirai de vive voix c'est trop long à écrire. Adieu donc cher père dans huit jours nous t'embrasserons bonne-maman[10] est bien contente de ce que tu nous accordes huit jours de plus. Bien des choses à bonne-maman et bon-papa Duméril[11] ainsi qu'à oncle Léon[12]. Cécile[13] te fait dire bien des choses. Tu ne m'oublies pas auprès de Nanette et Thérèse[14]
Encore un baiser il n'y a plus de place sur ma 4e page pour signer et à l'écriture tu pourrais croire que c'est Émilie qui écrit
Marie Mertzdorff
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil ; date erronée : il s’agit soit du jeudi 20 juillet.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Émilie Mertzdorff.
- ↑ Ernest Pillette.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ D’après la lettre d’Eugénie Desnoyers-Mertzdorff du 19 juillet, il s’agit d’Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril, grand-tante des petites Mertzdorff.
- ↑ 8 mots en allemand.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Thérèse Neeff et Annette, domestiques chez les Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 20 juillet 1871 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_20_juillet_1871_(A)&oldid=61671 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.