Jeudi 19 février 1874 (B)
Lettre de Marie Mertzdorff, continuée par Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mon père mignon,[1]
Hier déjà j’aurais dû t’écrire, je ne l’ai pas fait car c’était mercredi et je sais que ce jour-là tu ne t’inquiètes pas lorsque tu ne reçois pas de lettre. Je suis en train t’attendre mes amies Paule[2] et Henriette[3]. Je viens de prendre ma leçon de Mme Lima[4] chez bonne-maman[5] où nous déjeunions. Emilie[6] n’a pas fait d’allemand avec moi comme elle a beaucoup à faire pour son cours et que de plus elle a demain à 1h le 1er examen au catéchisme pour la 1ère communion elle repasse à force, de plus encore elle commence cette semaine les deux catéchismes qui auront lieu les Mardi et Jeudi, tu vois que ce pauvre chou va avoir à travailler aussi tante[7] lui retranchera-elle quelques devoirs.
Hier Mercredi nous avons eu un cours[8] d’une longueur extrême. J’ai été 2e en style à mon grand étonnement et suivant ma louable habitude dernière en orthographe nous
Mon cher Charles,
Cette pauvre Marie a été forcée d’interrompre son bavardage pour recevoir ses amies Paule et Henriette qui viennent passer un bon moment ; on a l’air de tant s’amuser à coudre et à causer et à rire que je n’ai pas le courage de faire penser à cette pauvre lettre ; je viens donc vous prier, mon cher Charles de vous contenter encore pour aujourd’hui de mon griffonnage.
Nous allons tous bien, les bonnes chéries'[9] travaillent avec courage comme toujours sans que les santés en souffrent ; hier Emilie a été 1ère en récitation, 2e en dictée, 2e en histoire ; Marie a eu également de bonnes places 1ère en histoire, 2e en style, 1ère en récitation. Emilie a eu ce matin au catéchisme les palmes pour son analyse et avait obtenu le cachet d’or Jeudi dernier ; enfin tout va bien et je ne peux que vous dire que nos chères fillettes font tout ce qu’elles peuvent pour être bonnes et gentilles et je puis vous assurer qu’elles réussissent parfaitement.
Cette pauvre Cécile[10] vient de partir pour Lyon sa mère est très malade, le médecin ne croit pas qu’elle puisse se rétablir, un des poumons est pris gravement et en plus elle a des faiblesses très grandes, je crains bien qu’elle n’ait le chagrin de perdre sa pauvre mère promptement.
Nous avons eu beau temps aussi nous en profitons pour marcher ; dans 2h nous reconduirons les amies au grand bonheur de tous, car rien n’est plus amusant que d’aller, tout en causant et riant, jusqu’à St Sulpice.
Demain à 1h Emilie a son examen de catéchisme mais comme elle sait bien nous sommes tranquilles pour le résultat. Mardi prochain commence le 2e catéchisme de semaine, notre pauvre Emilie va avoir bien à faire aussi lui ai-je retiré aujourd’hui sa leçon d’allemand, elle a consacré cette heure ½ à apprendre de l’histoire et Marie a pris la leçon seule.
Adieu mon cher Charles je vous envoie les amitiés de tous et vous assure de notre bien sincère et dévouée amitié.
AM
Maman'[11] va mieux mais elle ne sort pas encore, elle me charge toujours de beaucoup de choses pour vous.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Mme Lima, professeur d’allemand.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le cours des dames Charrier-Boblet.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 19 février 1874 (B). Lettre de Marie Mertzdorff, continuée par Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_19_f%C3%A9vrier_1874_(B)&oldid=39903 (accédée le 14 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.