Jeudi 16 décembre 1875

De Une correspondance familiale

Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1875-12-16 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-12-16 pages 2-3.jpg


Jeudi matin 9h[1]

Mon cher Charles, je voulais ajouter quelques lignes à la dernière lettre de Marie[2], mais une visite est venue me retenir au salon tandis que j’aurais voulu rester dans la chambre ; c’est ainsi qu’on fait rarement ce qu’on veut.

Je voulais vous demander votre avis au sujet du cours de physique qui se fait rue du Bac le Lundi à l’heure où nous y sommes pour Marie. Par politesse je suis descendue à la 1ère leçon qui m’a paru bien faite et qui a intéressé beaucoup Emilie[3] ; aussi me suis-je demandée si je ne ferais pas bien de lui faire suivre ce cours qui ne lui donnerait aucun travail mais qui lui remploierait utilement une heure du Lundi ; cependant mon cher Charles comme c’est tout à fait un objet de luxe de 100 F je ne veux pas le donner à notre petite Emilie sans votre permission.

Votre dernière lettre[4] comme ses sœurs aînées a fait bien grand plaisir ; les succès de Jeanne[5] ont amusé et ont déjà fait plusieurs fois les frais de notre conversation.

Hier nous avons eu le cours qui a très bien marché. Emilie a été seule à la leçon de danse[6], Marie étant retenue rue du bac par la fin d’un petit examen fait par les maîtresses ; nous n’avons été libres qu’à 5h1/2 et n’avons eu que le temps de reprendre la petite ; Mercredi prochain notre grande ne sera pas privée de cette leçon qui l’amuse beaucoup. Nous sommes tous enrhumés en ce moment ; c’est un tribut qu’il faut payer à l’hiver ; mais nous ne sommes pas malades et menons notre vie active ; seulement notre petite Emilie fait une guerre à mort à ses mouchoirs depuis 2 jours.

Il fait un peu froid, mais le temps n’est pas désagréable, il faisait même hier superbe au milieu de la journée aussi sommes-nous allées avec un véritable plaisir à pied au cours ; le soir il y avait un brouillard assez épais qui nous a fait prendre une voiture pour rentrer à la maison.

Je ne sais trop ce que j’écris, car nous sommes tous dans la chambre et chacun parle ; Jean[7] récite son catéchisme à Emilie, Marie apprend, et oncle[8] lit la dictée qu’Emilie a faite il y a 8 jours au cours et qui a beaucoup de fautes.

Je crois plus sage, mon cher Charles, de vous quitter mais non sans vous envoyer les meilleures amitiés de toute la colonie.

Mme de Quatrefages[9] est venue me demander si vous ne pourriez pas nous donner quelques renseignements sur cet ouvrier que vous avez eu dans votre fabrique ; elle s’occupe de la famille qui est maintenant à Paris.

Encore mille amitiés,
AME


Notes

  1. Lettre non datée, qui semble suivre la lettre du 14 décembre 1875.
  2. Marie Mertzdorff (« notre grande »).
  3. Emilie Mertzdorff (« la petite »).
  4. La lettre du 6 décembre 1875 ?
  5. Jeanne Scheurer-Kestner ?
  6. Le professeur de danse est Emile Fischer.
  7. Jean Dumas.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Emma Ubersaal, épouse d’Armand de Quatrefages.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 16 décembre 1875. Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_16_d%C3%A9cembre_1875&oldid=39865 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.