Jeudi 12 août 1915

De Une correspondance familiale


Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à ses fils Louis et Pierre Froissart (Paris)


original de la lettre 1915-08-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-08-12 pages 2-3.jpg


Dommartin

Wimereux

12-8-15

Mon cher Louis,

Je t'avais écrit Lundi soir cette lettre qui portait la griffe de Michel[1] sur l'enveloppe et j'ai eu l'amer dépit de la recevoir à Campagne ce matin ! Tu auras su heureusement par Françoise[2] que nous avons vu Michel 2 heures Lundi.

Nous sommes arrivés Mardi matin à Brunehautpré et, après 2 journées très occupées à tout voir à Brunehautpré, Campagne, Dommartin, et visite à Bamières, dont je te laisse le soin de deviner le détail, nous venons d'arriver à Wimereux. Ton papa[3] est reparti presque tout de suite pour Boulogne où il avait beaucoup de choses à faire et de gens à voir et où Lucie[4] l'a accompagné. Il ira coucher ce soir à Calais et tentera d'arriver demain jusqu'à Jacques[5].

Quant à moi, je suis sur un fauteuil et serai demain dans mon lit, comme prévu. Me voilà donc retenue ici jusqu'à Mardi ou Mercredi. Je crains bien que ton papa ne puisse regagner Paris pour Dimanche sans risquer de mourir à la peine, de sorte que nous allons peut-être manquer tous deux le Dimanche de Pierre[6]. Tu partageras cette lettre avec lui et elle lui dira combien je suis désolée de le manquer une seconde fois ! Justement il aurait pu se vautrer sur mon lit ; on cause si bien comme cela !

Lucie a des nouvelles un peu rassurantes sur les otages que l'on croit revenus dès maintenant pour la plupart. Un homme sorti tout récemment de Lille a affirmé à Mme Georges V.[7] avoir rencontré M. Scalbert[8] le 23 Juillet. Seuls les fabricants de tissus auraient été envoyé en Allemagne, les autres otages n'auraient été qu'à Roubaix. Cela va calmer J. qui se tourmente atrocement. Au contraire tout tend à confirmer les rigueurs exercées contre Jeanne L.[9] on espère qu'elle qu'elle est maintenant à St [Armand] mais peut-être y aurait-elle été amenée malade. On le serait à moins ! Je te raconterai les détails de vive voix.

A Bamières nous avons vu Albert[10] qui termine sa permission aujourd'hui. Marguerite[11] est de nouveau auprès de Jean. Cécile[12] est à Bamières.

Partage cette lettre avec Pierre et partage aussi avec lui mes tendresses les meilleures.

EM

Georges[13] est-il venu déjeuner Mardi ?


Notes

  1. Michel Froissart.
  2. Possiblement Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard, employée par les Froissart.
  3. Damas Froissart.
  4. Lucie Froissart, épouse d’Henri Degroote.
  5. Jacques Froissart.
  6. Pierre Froissart.
  7. Madeleine Trois, épouse de Georges Vandame.
  8. Probablement Pierre Scalbert.
  9. Jeanne L. non identifiée.
  10. Albert Tréca.
  11. Marguerite Dambricourt, épouse de Jean Froissart.
  12. Cécile Dambricourt épouse Maximilien Froissart.
  13. Georges Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 12 août 1915. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Wimereux) à ses fils Louis et Pierre Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_ao%C3%BBt_1915&oldid=56855 (accédée le 29 mars 2024).

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