Début septembre 1877

De Une correspondance familiale

Lettre d’Henriette Baudrillart (Paris) à son amie Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1877-09 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-09 pages 2-3.jpg


Ma bien chère Marie,[1]

Je ne veux pas attendre jusqu’à ce que nous nous revoyions pour te dire combien ton souvenir m’a fait plaisir, d’abord parce qu’il est charmant et ensuite parce que vous êtes trop gentilles d’avoir pensé ainsi à moi au milieu des plaisirs du voyage. Ce petit objet me parlera non seulement de l’Italie mais de deux amies que j’aime bien et qui m’aiment bien, ce qui me fait grand plaisir. Oh oui nous avons eu une bonne journée la semaine dernière et j’en ai été très contente malgré le mal de dents qui m’a rendue un peu taciturne et qui, du reste n’a guère duré qu’un jour.

Je ne vois pas trop quel jour nous pourrons nous retrouver ensemble : rien n’est encore réorganisé et cette réorganisation n’est vraiment pas chose facile : heureusement qu’il finit toujours par sortir de cet embrouillamini un arrangement assez satisfaisant. Je crois que Mlle Viollet désire vivement que j’aille au cours et même elle me l’a dit. Je viendrai probablement le Mardi pour le piano et le Mercredi avec Marthe[2], au moins souvent. Il paraît impossible que je ne vienne pas un troisième jour pour mon compte ce qui aura le désavantage de me laisser très peu de temps pour travailler et l’avantage de nous permettre une très agréable réunion. Tante Céline[3] m’a encore dit qu’elle comptait sur vous pour le grand cours. Si Emilie peut ne pas aller au cours d’écriture, fais-le moi dire par Marthe, que je verrai Lundi.

J’ai vu Paulette[4] et Marie[5] Jeudi dernier ; elles venaient d’aller voir le nom des examinateurs de Marie et nous avons été ensemble du Luxembourg au chemin de fer. Marie était fort entrain et devait cesser tout travail le Samedi soir ! Quelle vertu ! Je ne lui ai pas dit que j’avais repassé ma question d’examen la veille au soir. Mais il est vrai qu’elle a eu tout le temps d’apprendre et de réapprendre. Marthe a eu de bonnes places dans ses concours de vive voix, mais l’orthographe ! Heureusement que le premier cours sérieux n’est que Mercredi. Elle est toujours très contente d’y aller et moi de l’y conduire. Ces demoiselles[6] sont bien gentilles pour les anciennes. Je commence aussi à trouver assez agréable d’être obligée de travailler régulièrement à l’aiguille, en n’ayant rien de mieux à faire et en écoutant le cours de français ou celui de piano. Le rôle de maman a aussi du bon.

Au revoir ma chère petite amie ; je te remercie encore une fois de tout mon cœur, et je t’embrasse ainsi qu’Emilie et ta Tante[7] avec ma vieille affection.
Ton amie,
Henriette Baudrillart


Notes

  1. Lettre non datée, à situer après le voyage de Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff avec leur père en Suisse et en Italie, pendant l’été 1877.
  2. Marthe Baudrillart, jeune sœur d’Henriette.
  3. Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé, donne des cours d’anglais.
  4. Paule Arnould.
  5. Marie Flandrin ?
  6. Les directrices du cours Boblet-Des Essarts accueillent les accompagnatrices des élèves, mères ou grandes sœurs qui assistent aux cours en cousant.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Début septembre 1877. Lettre d’Henriette Baudrillart (Paris) à son amie Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=D%C3%A9but_septembre_1877&oldid=54296 (accédée le 18 décembre 2024).

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